Les voitures écolos au salon de Genève 2004, des japonais et Cleanova
Des français face aux asiatiques ?6 voitures à pile à combustible, 8 voitures hybrides, 2 électriques et une thermique alimentée en hydrogène, l'automobiliste écolo avait de quoi faire à Genève. Chez Toyota pour commencer, le constructeur nippon a le premier stand à l'entrée du salon suisse, on lui a donnée cette place il y a 30 ans, personne ne se doutait qu'il allait à l'avenir la mériter sur bien des plans. La vedette du stand est le MTRC (
notre article), et il nous fut donné l'occasion de l'essayer virtuellement. Installé à bord, avec un casque sur la tête, nous nous sommes retrouvés, par la magie d'un système de réalité virtuelle, sur une piste en terre. Cela aurait pu être amusant si les commandes de l'auto étaient traditionelles, mais avec 2 joysticks fixes équipés chacun de 2 boutons qui s'actionnent avec les pouces, un bouton
tourner à gauche, un bouton
tourner à droite, pour la main gauche, et un bouton
freiner, un bouton
accélérer pour la main droite, la conduite n'est pas très instinctive...
Mais c'est plus fait pour impressionner les jeunes que séduire d'éventuels acheteurs puisqu'il ne s'agit que d'un concept-car. Nous avons cependant bien noté que l'ingénieur qui nous installa dans l'auto n'était pas de chez Toyota, mais de chez Denso (un équipementier associé à ce constructeur), tandis que le module qui commandait le système était marqué Panasonic (autre partenaire Toyota de longue date). Le concept Fine-N (
notre article) était aussi de la partie, mais la seconde nouveauté Toyota, toujours un concept-car, la Volta (ci-contre) se trouvait à l'étage, dans le carré des carrossiers (Bertone, Pininfarina, Sbarro...), sur le stand Ital Design (le studio fondé par le styliste Giugiaro). Le célèbre designer a réalisé là une superbe sportive, en partant des éléments moteurs d'un Lexus RX400h, le futur SUV hybride de luxe (disponible en 2005). Propulsion offrant 3 places de front, cette voiture illustre ce que pourrait être une super-sportive hybride, on l'attend !
Mais avec le RX400h encore à optimiser, et 2 nouveaux modèles hybrides en développement pour 2006, les ingénieurs Toyota ont déjà bien du pain sur la planche. On ne les imagine alors pas trop consacrer du temps à un véhicule à faible volume, quand la Prius pourrait se vendre à... 120.000 unités en 2004. L'hybride va devenir un marché de masse, et les coréens l'ont bien compris puisque Kia, qui va ouvrir une usine de production en Slovaquie (capacité prévue : 200.000 autos en 2008), vient d'ouvrir un centre de recherche lié aux technologies hybrides et piles à combustible à Namyang, et que Hyundai commercialisera sa Getz en version hybride en 2005, tandis qu'il présentait au salon suisse en première mondiale la version pile à combustible de son modèle Tucson dévoilé le mois dernier. Cette auto devrait être produite en quelques exemplaires qui seraient placés en test aux USA avant la fin de cette année. Le message est clair : l'heure de la production de masse n'a pas encore sonnée, mais les coréens s'y préparent.
Les constructeurs français ne semblent pas montrer le même empressement, on les voit plutôt en ce moment se fourvoyer dans cet attrape-nigaud qu'est le gaz naturel, mais une nouvelle entreprise sort lentement de l'ombre avec un projet ambitieux. Le projet a déjà fait parler de lui à l'automne dernier sous le nom de
NVNX, ses géniteurs sont Heuliez et Dassault. Si c'est assez surprenant de trouver un fabricant d'avions dans ce projet, le groupe Dassault ne fabrique pas plus de voitures que de moteurs électriques ou de batteries, l'avionneur possède une compétence certaine dans le domaine de l'optimisation d'un système énergétique, ainsi que dans sa fiabilisation. Une voiture en panne peut s'arrêter au bord de la route, un avion ne le peut pas, et il y en a des moteurs électriques dans un avion...
L'auto se présente désormais sous le nom assez maladroit (mais ce ne sera pas le nom sous lequel l'auto sera vendue) de
Cleanova, c'est une 4 portes assez comparable à une Peugeot 206 (photo ci-dessus), et il s'agit d'un hybride série. Soit donc une voiture électrique, sur laquelle a été ajouté un moteur thermique qui fait office de prolongateur d'autonomie, mais qui ne peut servir à la propulsion du véhicule puisque son seul but est de servir de générateur, afin de charger les batteries qui alimentent le moteur électrique, qui lui sert à la traction de l'auto. Ce thermique est un petit diesel, mais on ne devrait pas y recourir souvent puisque l'autonomie annoncée sur le seul mode électrique serait
– c'est presque incroyable – de 200 km. Plusieurs tests ont déjà confirmé cette performance, et la seule interrogation serait sur le prix des batteries. Pourvu alors que cette entreprise, dont le but est de finaliser le développement de l'auto, parvienne à vendre le projet à un grand constructeur qui saura industrialiser le projet à grande échelle pour un coût raisonnable, ce serait presque fait, et c'est pour une industrialisation en 2006. A suivre...
A côté de ces français isolés, les japonais sont légion avec des concepts déjà présentés au dernier salon de Tokyo (
notre article). On retrouve ainsi le superbe concept Honda IMAS (ci-dessus), il semble désormais établi qu'il préfigure une prochaine génération de l'Insight (une auto malheureusement non vendue en Europe), alors que rien n'est encore acquis quant à la Subaru B9SC (ci-contre). Rappellons que ces 2 autos sont des hybrides, la Honda avec le but d'établir de nouveaux records en terme de consommation (ultra-kégère, Cx de 0.20), alors que la Subaru met plus en avant les performances et le plaisir de conduite. Cette B9SC utilise comme la R1e, une auto 100 % électrique, de Subaru également, (ci-dessous), un nouveau type de batterie.
Ces batteries, développées par Fuji Heavy (la maison mère de Subaru) en collaboration avec NEC, ofriraient un rapport énergie / volume et énergie / masse considérablement supérieurs aux batteries Nimh actuellement employées par les Toyota Prius et Honda Civic. Le nom de cette technlogie est Lamilion, et il s'agit de pile à ions lithium au manganèse, mais pas plus les voitures que des batteries seules ne sont encore disponibles pour réaliser des tests de manière indépendante. Même chose chez Lada. Le constructeur russe exposait pour la première fois à Genève un concept de voiture à pile à combustible, l'Antel 2. L'Antel 1 avait été exposée au salon de Moscou il y a 3 ans mais, venant d'un constructeur sans expérience publique de l'hydrogène, on voudrait pouvoir vérifier l'autonomie annoncée qui est étonnante : 350 km avec un réservoir d'hydrogène d'un volume de 90 litres stockant l'hydrogène à 400 bars. Une Honda FCX ne fait en effet guère mieux, alors que ses réservoirs ont un volume de 156 litres...
Suzuki enfin, présentait 2 concept-cars, le S-Ride (ci-contre), un bi-place en tandem animé par un moteur thermique de moto. Ultra-léger et compact, ce petit véhicule pourrait faire un véhicule d'appoint économique tant à l'achat qu'à l'usage. Mais on doute de le voir jamais en production... Le concept Landbreeze qui est une version hybride d'un petit tout-terrain, comme Suzuki en est le spécialiste, a plus de chances. A côté, Mazda exposait sa RX8 à hydrogène (
notre article), et mercedes montrait une fois de plus sa F-Cell (ainsi que le concept Jeep Treo), c'est cette année que la voiture doit être livrée à ces premiers clients (ce sera en leasing), mais le constructeur mettait ici plutôt l'accent sur la sobriété, et les performances environnementales de ces dernières motorisations thermiques, tant diesel qu'à allumage commandé. Qui sont il est vrai exceptionnelles. Sur la nouvelle CLS, une berline de presque 2 tonnes, qui avec un V6 essence de 272 ch, affiche une vitesse de pointe de 250 km/h, pour une consommation moyenne normalisée (à vérifier) de seulement 10 l/100 km.
Un Citroen Berlingo électrique, sur le stand de l'association Ecocar, la seconde voiture électrique du salon après la Subaru, paraissait bien terne en rapport. Les constructeurs ont donc du travail pour parvenir à proposer des autos zéro-pollution qui soient aussi attrayantes que celles qui ne le sont pas, mais Toyota prouve que la chose est possible, tandis que le projet Cleanova, s'il aboutit à une auto à moins de 15.000 euros comme cela est prévu, montre que les français sont dans la course, et cela, cela fait bien plaisir.
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