Google, ce n'est pas excitant
Lun 11/10/2010 — Laissez-vous conduire, le moteur de recherche connait la route.
Vous montez dans votre voiture, un écran s'allume. Vous indiquez que vous voulez vous rendre à votre travail, et... La voiture vous y emmène. Automatiquement. Comme l'explique Sebastian Thrun, sur le blog officiel de Google, plusieurs autos équipées de technologies Google possèdent une intelligence artificielle qui leur permet de se déplacer de manière autonome. Les voitures ont déjà parcouru plus de 225 000 km, toujours avec un conducteur à bord, prêt à reprendre les commandes en cas de pépin, mais il n'y en a pas eu. Ou, s'il y en a eu, on ne les connait pas. Les voitures ont roulé un peu partout en Californie, sur l'autoroute, sur des petites routes ou en ville à San Francisco, et M. Thrun regarde l'avenir avec enthousiasme, car il s'annonce « très excitant ».Je ne suis pas de cet avis. Même si cela offre plus de temps libre pour le conducteur, et qu'une conduite régie par des ordinateurs permettrait de réduire les accidents. Ce dernier point restant à prouver. Sans doute que les geeks ne le savent pas, mais il y a plus de plaisir à faire griller des petits oignons qu'à mettre un plat surgelé dans un four à micro-ondes.
La conduite automatisée existe déjà pour les millions de français qui prennent le bus ou le métro pour se rendre à leur travail, et je ne connais pas de parisien qui soit heureux de monter dans le métro le matin. A l'inverse, des automobilistes contents de démarrer leur voiture le matin, il y en a beaucoup.
On peut imaginer une voiture dotée d'un ordinateur, cela existe d'ailleurs déjà, et on s'y connecterait à son moteur de recherche favori pour chercher un restaurant, clic-clic, et... La voiture vous y emmènerait. Cela pourrait constituer un progrès, mais il faut parfois se perdre pour trouver quelque chose. Et qui n'a jamais fait d'arrêt imprévu, parce que sur le chemin, il y avait quelque chose qui a retenu notre attention, et qui méritait qu'on aille voir de plus près ? On aurait rien vu, et peut-être passé à côté d'une occasion formidable, si la voiture s'était conduite toute seule, pendant que le conducteur avait ses yeux rivés sur sa page facebook.
De nombreux jeunes français sont déjà comme cela. On peut les emmener à la mer ou à la montagne, mais ils s'en moquent, puisqu'ils ne regardent que les quelques centimètres carrés de l'écran de leur téléphone portable. Alors les voitures autonomes sont probablement une perspective excitante pour une entreprise d'informatique, mais pour les amoureux de l'automobile, ou simplement de la vie, et du réel, il est difficile de s'en réjouir.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; ecologie