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Et voilà qu'on reparle du diester

Lun 27/02/2006   —   2006 : il n'y a plus de poulets au salon de l'agriculture, mais il y a des biocarburants pour les remplacer. Enfin... Il y a le biocarburant officiel, c'est le diester.
Le diester a plusieurs années derrière lui, on l'a cru mort, mais le voici qui renait avec la bénédiction des pouvoirs publics. Mais qu'est-ce que le diester ? Est-ce un biocarburant ? C'est une question en apparence simple, mais qui appelle une réponse complexe, puisqu'on peut répondre aussi bien par oui que par non : la réponse dépend du pays dans lequel on se trouve. En France, il est très clair que le diester n'est pas un biocarburant. Parce qu'il n'est pas possible de faire le plein de diester de sa voiture, et de rouler ensuite sans dommage. Ce sont les constructeurs qui le disent. Renault par exemple, se limite à s'engager pour aboutir à ce qu'en 2009, tous ses modèles diesel puissent rouler avec un gazole coupé avec 30 % de diester. Pourtant, tous les français qui roulent au gazole consomment régulièrement du diester, sans le savoir. Ce n'est pas signifié sur les lieux de vente, mais en moyenne le gazole en France, comporte 1,5 % de diester. Voilà donc ce qu'est le diester, un additif, dont les pouvoirs publics ont récemment décidé d'accroître le taux d'incorporation dans le gazole. Mais il n'y a aucun projet de proposer jamais le diester pur à la pompe.

Si maintenant nous allons en Allemagne, tout change. Parce que le diester (contraction de diesel et ester) est une appellation commerciale, qui désigne une huile végétale brute (de colza, de tournesol...), qui a été transformée par une transestérification (une réaction physico-chimique), et mélangée avec un dixième de méthanol. C'est donc très proche (à quelques additifs près) de ce que plus de 1500 stations distribuent outre-Rhin sous l'appellation biodiesel (actuellement, il serait plus juste de dire biogazole), et que des centaines de milliers d'allemands utilisent pur, et sans soucis pour leurs voitures (différents additifs stabilisateurs aident à cela). Même s'il est vrai que le biodiesel n'est pas compatible avec les derniers diesels avec injection à rampe commune à très haute pression.

On attend alors toujours un vrai biocarburant, qui serait un biodiesel encore amélioré, à la production plus sophistiquée pour fonctionner dans les diesels les plus récents, comme Volkswagen en teste avec des résultats étonnants. Le concept Ecoracer présenté l'année dernière passe ainsi les normes anti-pollution de 2010 (EURO-5) sans filtre à particules ! Mais ce carburant est malheureusement encore très cher à produire. Il viendra néanmoins, et en l'attendant, le diester ne nous semble pas apporter grand chose. La politique du gouvernement prévoit de placer 7 % de diester dans le gazole à l'horizon 2010, c'est incontestablement avantageux, mais le biocarburant à une aussi faible dose... On pourrait s'épargner la phase de transestérification, et mélanger au gazole 7 % d'huile végétale brute, ce serait quasiment pareil. Sauf que ce serait ouvrir une brèche à la portée du particulier dans la forteresse des pétroliers. Mieux vaut alors promouvoir le diester, complexe à produire de par la transestérification qu'il exige, tout en précisant que dans tous les cas il n'est qu'un additif, et qu'il ne peut remplacer le pétrole.

Au salon de l'agriculture, le diester est sur le grand stand de l'Odyssée Végétale, hall 2.2. On y verra en gros et en nombre le logo présent sur cette page, et il est aussi prévu de faire une campagne radio « Diester, le secret de l'or vert ». C'est bizarre tout de même qu'on fasse de la publicité pour un produit qu'on ne peut pas acheter, et dont on ignore qu'on l'achète lorsqu'il est incorporé au gazole...


Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; biocarburant