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Enfouir le CO2, méfiance, méfiance

Mer 29/03/2006   —   Les projets se succèdent les uns aux autres, partout dans le monde. Il y a un mouvement croissant pour combattre le réchauffement climatique par l'enfouissement du CO2. Mais est-ce une bonne idée ?
A la base, Sleipner, un gisement de gaz naturel exploité par Statoil, en mer du Nord, au large de la Norvège (illustration). Comme tous les gisements de gaz naturel, Sleipner contient un mélange de méthane, d'éthane, de propane, de dioxide de carbone (CO2), et beaucoup d'autres gazs encore. Le premier travail de Statoil est donc de purifier ce gaz pour pouvoir le vendre, et c'est ce qu'elle fait en séparant le CO2 des autres gazs, puisqu'il n'a aucune valeur en tant que combustible, et ce CO2, plutôt que de le rejeter dans l'atmosphère comme on le fait habituellement, l'entreprise norvégienne l'envoie dans une cavité du sous-sol à côté de son gisement de gaz. Cette technique est aujourd'hui bien maitrisée, et il existe une documentation fournie sur le sujet (en anglais).

Mais une autre technique existe, elle a déjà été testée au Texas. Elle consiste à récupérer le CO2 d'une usine quelconque, et d'injecter ce CO2 dans un vieux puits de pétrole. L'idée, dont le principe a été validé, est qu'alors la pression augmente à l'intérieur du puits, et que cela facilite l'extraction du peu de pétrole qui reste dans le puits. Shell et Statoil ont présenté récemment un énorme projet utilisant cette technique, en anglais, document .ppt), et un nouveau projet est en train de voir le jour en Islande (avec encore une autre technique : la transformation du CO2 en carbonate de calcium avant d'aller l'enfouir au fond de la mer). Mais à l'heure où les gens qui sont derrière tous ces projets demandent de l'argent public pour les mener à bien, il faut s'interroger sur l'opportunité de l'enfouissement du CO2.

Chaque fois que les hommes ont quelque chose dont ils ne savent pas quoi faire, c'est désormais la première réaction que de creuser un grand trou et de l'y jeter. On voit cela pour les déchets nucléaires, pareil pour le CO2, on va l'enterrer et le problème sera réglé. C'est aller un peu vite en besogne que de dire cela... L'enfouissement du CO2 peut permettre la récupération de quelques gouttes, mais on renverse des bagnoires tous les jours. C'est cela qu'il faut arrêter, et s'il faut de l'argent public, que cela soit pour développer les énergies renouvelables, produire de l'hydrogène sans émission de gazs à effet de serre, accroître la recherche sur le photovoltaïque, mais pas pour enrichir encore les pétroliers. Parce que dans le projet norvégien, ce sont Shell et Statoil qui ont l'audace de demander le soutien du gouvernement norvégien, alors que ce projet va leur permettre d'augmenter leurs revenus, puisque les gisements en question ne seront bientôt plus exploitables sans injection de CO2.

Les pétroliers ont du pétrole, des bénéfices en milliards, mais ils ne manquent pas d'air non plus.


Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; ecologie