Biocarburants, la France toujours dirigiste (2)
Lun 22/05/2006 — Le premier ministre a prononcé la semaine dernière une déclaration sur la politique énergétique. Il n'y a malheureusement pas grand chose de nouveau, et les quelques espoirs qui pouvaient en sortir ont été noyés par le reste de l'actualité.
Ce n'est pas mieux au niveau du gaz, puisque M. de Villepin annonce que la révision du tarif de cet hydrocarbure fossile sera désormais annuelle au lieu d'être trimestrielle. Alors que les prix du gaz naturel sont tout aussi volatiles que ceux du pétrole, les actionnaires de GDF ne vont pas pouvoir dormir tranquille. Les biocarburants enfin, le gouvernement confirme sa grande ambition, il l'augmente même, mais il la recule aussi. L'année dernière, on disait 5,75 % de biocarburant en France en 2008, on dit maintenant 10 % de biocarburant (en volume), mais en 2015. M. de Villepin ne sera plus là, mais les pétroliers y seront encore, tout aussi puissants, puisque juste après que le premier ministre ait annoncé un programme d'investissements de 2 milliards dans les biocarburants, il annonçait 4 milliards d'investissements en raffinage et recherche chez les pétroliers...
Autre nouvelle : « Je fixe un objectif clair : d’ici la fin de la décennie chaque Français qui le souhaitera devra pouvoir utiliser un véhicule pouvant consommer des carburants à haute teneur en biocarburants. » C'est le premier ministre Dominique de Villepin qui l'a dit ! Bravo ! Mais il s'est bien gardé de préciser les proportions du mélange, ni de se justifier son choix d'écarter les biocarburants purs. Alors que des millions de gens roulent à l'éthanol pur (au Brésil), ou au biodiesel pur (en Allemagne). Le gouvernement organisera prochainement une grande table ronde entre les parties concernées pour établir les moyens d'application de ce projet. Mais, après le séminaire gouvernemental sur l'attractivité du territoire qui a eu lieu ce matin, où le premier ministre a expliqué que « La France est un pays ouvert », nous apprécierions que le gouvernement se souvienne de cette idée dans l'élaboration de sa politique sur les biocarburants. Nous le rappellons encore une fois, il n'y a besoin que de deux choses pour développer les biocarburants dans notre pays. 1/ Fixer des normes qualitatives (on peut recopier celles existant à l'étranger) ; 2/ Fixer le taux de taxe applicable. Tant que ces 2 points ne seront définis, la France ne sera pas un pays ouvert, et tant que l'agriculteur producteur d'huile végétale brute n'aura pas le droit de vendre cette huile à qui veut bien prendre le risque de la lui acheter, l'engagement national pour les biocarburants sera douteux.
(2) : article corrigé le 24/05. Il y avait des erreurs.
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