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De beaux rapports, on attend la suite

Mar 11/07/2006   —   Deux rapports relatifs au changement climatique et à la question des émissions de gazs à effet de serre (GES) viennent de paraître. L'un vient du Sénat, l'autre d'une mission ministérielle.
Force est de reconnaître que si on attend toujours l'initiative politique qui viendra donner une suite au protocole de Kyoto, on n'a jamais autant parlé en haut lieu de réchauffement climatique, et de tout ce qui y est associé. Au Sénat tout d'abord, où Pierre Laffite et Claude Saunier, deux élus aux compétences scientifiques reconnues, ont rédigé le rapport : « Changement climatique et transition énergétique : dépasser la crise » (.pdf, 204 pages). Les 148 premières pages sont essentiellement un état des lieux comme il en existe déjà plusieurs, mais la quatrième partie (p. 149) fait des propositions, dont voici les plus notables. Mettre en place une taxe carbone internationale à l'intérieur de l'OMC, taxer le kérosène consommé par l'aviation civile en Europe, installer un réseau de distribution d'hydrogène sur les grands axes européens, augmenter progressivement la TIPP (mais sans remettre en cause les taux différenciés pour l'essence, le gazole ou le fuel), et réintroduire une vignette carbone annuelle pour les automobiles. Même si les auteurs se veulent très pragmatiques, et expliquent les difficultés, tant sociales qu'économiques, de réformer, nous aurions apprécié des idées plus avancées. Mais ce manque d'originalité est peut être dû au fait que des personnes auditionnées pour la rédaction de ce rapport, aucune ne travaillait pour un producteur d'hydrogène, ni un fabricant de piles à combustible (PAC), ni un producteur de biocarburant. Alors que plusieurs acteurs de la filière nucléaire, ou de l'industrie pétrolière, ont été écoutés.

Le second rapport se veut plus audacieux, il émane de Facteur 4. Facteur 4 avait été initié par le premier ministre en 2002, confirmé ensuite par le plan Climat de 2004, puis par le président de la République lui-même. C'est le projet par lequel le pays doit pouvoir diviser par 4 ses émissions de GES d'ici 2050. Il est le fruit d'un groupe de travail d'une trentaine de personnes, sous la direction d'un homme qui n'est pas connu comme écologiste, mais dont les talents d'économiste lui valent un succès certain : Christian de Boissieu. Ce rapport, dont une version provisoire est disponible ici (.pdf, 74 pages, le rapport définitif ne sera disponible qu'à la rentrée) est nécessairement beaucoup plus imaginatif que le précedent, puisqu'il réfléchit sur une échéance plus lointaine. La problématique principale est de proposer un scenario réaliste, quant à l'offre et la demande d'énergie en 2050. Et pour ce faire, le groupe de travail Facteur 4 pose clairement la question des comportements. On ne pourra pas réduire les émissions de GES, si tous les français partent tous les ans en vacances en Polynésie. Gros véhicules 4x4 ou petites autos légères et aérodynamiques, la question va se poser avec une acuité croissante, d'où l'urgence de prodiguer à chacun l'enseignement d'un comportement citoyen, avec une responsabilisation accrue de l'individu. Le groupe insiste sur ces idées, la nécessité de changer de comportement, de logique, pour la bonne et simple raison que le progrès technologique allant tellement vite, il serait risqué de se focaliser sur des orientations qui pourraient être prochainement contredites. Néanmoins, dans le secteur des transports, il donne les pistes suivantes.

Il y a d'abord le progrès technique, et Facteur 4 appelle à un effort de R&D sur les biocarburants de seconde génération (de synthèse), à partie de « la biomasse qui sera apte à fournir les carburants liquides et les bio-plastiques de demain », avec pour les exploiter des hybrides diesel, batterie à haute capacité, rechargeable sur poste fixe (rappellons sur ce sujet que ce site avait été le premier à publier un essai d'un hybride plug-in sur base Prius). Pour l'industrie, le groupe exprime l'importance de pérenniser le signal prix du carbone, par la fixation d'objectifs à long terme (plus de 10 ans), afin que les entreprises aient de la visibilité. Il est aussi proposé l'introduction d'un marché de crédits carbone entre les constructeurs, pour les contraindre à faire des voitures efficientes, en instaurant même un seuil minimal de performance énergétique (ce qui reviendrait, par exemple, à interdire les véhicules qui demandent plus de 10 litres de carburant pour parcourir 100 km).

Facteur 4 propose également la taxation du kérosène des avions, la mise en place à l'échelle européenne d'une redevance routière pour les camions (sur le modèle suisse), la récupération du méthane des lisiers à des fins de carburant, la taxation du parking des entreprises, ainsi que des mesures qui frapperont tous les automobilistes, comme le rétablissement de la vignette automobile, le péage urbain, et la réduction généralisée des vitesses maximales autorisées. Comme les sénateurs, Facteur 4 évoque très peu l'hydrogène, pour lequel on attend encore de nombreux développements, mais à bien y réfléchir, si l'hydrogène fait encore peur, l'avenir sans hydrogène promet d'être bien plus terrible encore...


Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; politique-transport_France ; ecologie