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Péage urbain, l'exemple de Londres

Ven 17/11/2006   —   Alors qu'on commence à parler du péage urbain en France, l'actualité nous ramène à la ville qui fut la première à l'adopter, Londres.
Il n'y a que la Manche pour séparer la France du Royaume-Uni, mais il y aurait un océan que les différences ne seraient pas plus grandes. Alors que le transport routier écologique se fait attendre à Paris, Londres montre la voie avec des autobus hybrides (diesel/électrique), et des autobus à piles à combustible (PAC) déjà en service. Les attentes des londoniens ne sont donc pas celles des parisiens, et quand le maire de Londres, Ken Livingstone (ci-dessous), a dévoilé son plan pour remplacer 500 bus chaque année par des bus hybrides, il a été critiqué par les écologistes. Tony Bosworth en effet, le chargé des transports à Friends of the Earth, a dit que ce serait un pas dans la bonne direction, mais que le mieux serait d'augmenter le nombre de bus à hydrogène, qui n'émettent aucune émission polluante. Quand aurons-nous des partis écologistes pour appeler à l'achat de bus à hydrogène en France ?

Il faut avoir cela à l'esprit, la sensibilité à l'écologie est différente des 2 côtés de la Manche, et les problèmes aussi sont distincts. Le péage urbain existe déjà dans le centre de Londres, avec de gros C peints sur la chaussée pour le signaler (C pour Congestion Charge), il faut payer 8 livres pour y pénétrer une journée (du lundi au vendredi, de 7 à 18 h). Les effets de ce péage sont nombreux et complexes, avec des magasins du centre ville qui ont vu leur chiffre d'affaires baisser, tandis que des centres commerciaux de périphérie ont vu le leur progresser. Ces changements auraient eu des conséquences sur l'emploi, des études sont en cours. Mais plus grave, l'efficacité globale du péage est en baisse, puisque les services municipaux ont eu la mauvaise surprise de constater que les embouteillages ont recommencé à s'accroître. Il faut donc faire autre chose.

Le maire de Londres propose de moduler le péage urbain en fonction des émissions de CO2 des autos. Cela pourrait être mise en place d'ici 2009. 3 tarifs. Gratuité pour les autos rejetant moins de 140 g/km de CO2 (Fiat Panda, Peugeot 207 & 307 diesel, Renault Megane diesel, Toyota Prius...), tarif inchangé pour les autos rejetant plus que cela mais sans atteindre 225 g/km de CO2 (Citroën C5 essence, Land Rover Freelander diesel, Lexus GS450h, Mazda MX-5, Volkswagen Golf TFSI...), et tarif majoré à 25 livres (presque 37 euros, c'est pour une seule journée, et le parking coûte autant !) pour les voitures rejetant plus de 225 g/km de CO2 (Audi A4 3.2 FSI, Citroën C6 essence, Jaguar XJ8, Mercedes ML, toutes les Porsche, Volkswagen Touareg...). Cette mesure doit aboutir à ce que Londres soit leader « dans la lutte contre un changement climatique catastrophique ».

On a permis au maire de Londres de mettre en place un péage dans sa ville, il a démarré à 5 livres par jour, et maintenant il augmente, il fallait s'y attendre. Evidemment, le projet va dans le bon sens, tout le monde est pour la réduction des émissions de CO2, mais on ne saurait oublier que c'est un problème global. On ramène le problème en France pour être plus explicite. Il ne servirait pas à grand chose, en terme de réduction des émissions de CO2, de taxer lourdement l'usage de voitures qui en rejettent le plus sur la petite surface de Paris, si ces mêmes voitures restent libres de circuler dans les Hauts de Seine, en Seine St Denis, dans le Val de Marne et partout ailleurs. Le maire de Londrs fait acte de bravoure, il fait ce qui est en son pouvoir, mais les autres maires ne pouvant le suivre sur ce chemin, parce qu'ils n'en ont pas le droit, et que ce serait de la folie si toutes les villes adoptaient un péage urbain, on attend une politique nationale.

Néanmoins, nous pouvons retenir 4 idées de l'expérience du péage urbain de Londres. La première est que s'il y a un effet en terme de réduction du traffic, cet effet est temporaire parce que les gens s'habituent à payer. La seconde est que le commerce change, ce ne doit pas être sous-estimé. La troisième est qu'à une échelle régionale, la baisse des émissions de CO2 est marginale. Mais nous craignons que nos hommes politiques ne voient que la quatrième : le péage urbain est très effectif pour faire rentrer de l'argent dans les caisses.


Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; politique-transport_Europe ; politique-transport_France