Enfin un début de contrôle pour l'aviation
Ven 22/12/2006 — Les émissions de CO2 dûes à l'automobile sont presque stables en Europe depuis 1990. Alors qu'en 2007, l'aviation européenne rejettera le double de CO2 qu'elle avait rejetée en 1990, et on prévoit que cela pourrait encore doubler d'ici 2020.
Le trafic d'Aéroports de Paris était en hausse de 6,1 % en octobre, et de 5 % en novembre (par rapport à 2005). Le secteur aérien a maintenant le triste honneur de polluer plus que l'ensemble des raffineries du continent, et tous les indicateurs sont à la hausse. Oublié, le 11 septembre ! La valeur en bourse des compagnies aériennes augmente. Mais c'est la planète qui réglera la plus grosse facture, car rappellons-le, les émissions de CO2 sont plus nocives que celles d'une voiture. Un shéma simplifié (la réalité est hyper complexe) est que le CO2 rejeté par une voiture peut-être absorbé par les plantes, celui d'un bateau peut-être absorbé par l'océan, alors que celui d'un avion va directement renforcer l'effet de serre qui réchauffe la Terre.Il faut agir, et tout est à faire, car pendant que les automobilistes sont de gros contributeurs au budget de l'état avec de lourdes taxes sur leurs carburants, la fiscalité sur le carburéacteur est marginale. Et pendant que raffineries ou aciéries ont des droits stricts à polluer, et doivent acheter cher des droits supplémentaires s'ils ne respectent pas leurs quotas, le secteur aérien n'est soumis à aucune règlementation. Et alors que même les péages autoroutiers sont soumis à la TVA, il n'y en a toujours aucune sur les billets d'avions... Il faut donc procéder par étape. Avant de surtaxer le transport aérien comme il devrait l'être, il faut commencer par l'amener au même niveau que les autres. Mais cela déjà est incroyablement difficile ! L'action est à l'échelon européen, et le projet est de faire rentrer le secteur aérien dans le Système d'échange de quotas d'émissions, où sont déjà tous les gros pollueurs, comme les raffineurs ou les aciéries.
Après de nombreux échanges entre la Commission Européenne et les lobbies des compagnies d'aviation (AEA, IACA, pour n'en citer que 2), les émissions de CO2 du secteur aérien en Europe seront règlementées partiellement à compter de 2011, puis totalement à compter de 2012. Mais les compagnies aériennes n'auront pas à payer pour acquérir des droits à polluer, il leur sera donné des droits calculés à partir de leur moyenne d'émissions sur la période 2004/2006. On devrait alors aboutir à ce qu'en 2020, les émissions de CO2 du transport aérien ne soient pas supérieures à celles de 2005. Les compagnies devraient parvenir à ce résultat en faisant voler des avions plus sobres, ou par l'optimisation de leurs opérations au sol, comme le tente ce mois-ci Virgin. Cette compagnie teste en effet une nouvelle organisation au Royaume-Uni, où les avions ne démarrent plus leurs réacteurs sur le quai d'embarquement, mais sur la piste d'atterrisage, un chariot tracteur emmenant l'avion de l'un à l'autre. Mais les émissions d'oxydes d'azote des avions restent non règlementées, alors qu'elles sont énormes, et le carburéacteur reste à son niveau de fiscalité hyper favorisé. Il y a encore beaucoup à faire...
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