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Le projet des péages modulés au CO2

Dim 11/02/2007   —   Comme convenu, J-P Beltoise a remis au ministre son rapport sur la faisabilité d'une modulation des péages en fonction des performances environnementales.
Le projet concernerait aussi bien les poids lourds (PL) que les voitures particulières (VP), mais les problématiques sont pourtant très différentes entre ces 2 catégories de véhicules. Le parc de PL en circulation en France est globalement en meilleur état, et plus récent que le parc VP. Mieux contrôlé, et exploité par des gens pour qui l'économie d'utilisation est primordiale (on y fait beaucoup plus attention sur un véhicule qui parcourt 150 000 km par an, qu'un qui n'en fait que 15 000), la modulation du péage pour les PL ne changerait pas grand chose pour eux. C'est pour cela que sa mise en place est déjà quasi-acquise, avec une modulation qui se baserait non sur la consommation, mais sur la norme anti-pollution respectée (EURO 1, EURO 2, EURO 3...), établie d'après la date de première mise en circulation du véhicule (et tant pis pour les véhicules qui ont devancés les normes ?). C'est d'autant plus facile, qu'une réforme des abonnements professionnels qu'ont les routiers pour leur usage des autoroutes est déjà programmée.

Pour les voitures, la situation est plus complexe. D'abord du fait de la nécessité de prendre en compte les émissions de CO2, quand on ne considère que les émissions de polluants toxiques sur les PL. En effet, on peut s'en passer sur les camions du fait de l'homogénéité du parc : il y a peu de différence de consommations entre des 38 tonnes Scania, Volvo, M.A.N. ou Mercedes. Alors qu'il y a des différences énormes entre les consommations d'une Citroën C1 et d'un Hummer. C'est tout le but du projet que de les distinguer. Mais cette distinction doit se faire en une seconde, parce que sinon on va créer des files d'attente interminables aux péages... Cette distinction doit aussi pouvoir se faire automatiquement sans requérir un intervenant humain, et la seule solution serait alors un télébadge électronique, mais elle n'est pas sans difficultés.

Le télépéage existe depuis plusieurs années, avec un système centré sur l'individu, qui peut avoir un badge unique pour plusieurs voitures, ce qu'on veut ici précisément éviter. Ou sinon, celui qui a 2 Citroën, une C1 et une C6, achètera un télébadge pour sa petite C1, et l'utilisera dans sa C6. Comment, le français est resquilleur ? Il faudra donc que le lecteur de télébadge, à la borne de péage puisse aussi lire le numéro d'immatriculation, et le comparer en temps réel avec celui dans sa base de données, et pour bien faire le croiser avec le fichier des immatriculations. Pour installer ceci dans toutes les bornes de péage du pays, il va falloir un gros budget... Budget qui sera d'autant plus important qu'il faudra fournir un télébadge électronique à tout véhicule qui emprunte une autoroute... Même les étrangers. Cela va faire une grosse facture, et on sait qui va la payer...

Pour minimiser les coûts cependant, l'idée serait que seuls les automoblistes qui verraient leur péage minoré, parce qu'ils ont une voiture propre, aient un télébadge, pendant que l'intégralité des coûts soient à la charge des autres usagers. C'est ce que propose le rapport Beltoise : ceux qui roulent dans une vieille grosse voiture qui pollue paieraient plus cher, afin que ceux qui ont une petite voiture neuve peu polluante puissent payer moins cher. Voilà qui promet un beau débat, si cette proposition est amenée devant l'Assemblée Nationale.

Demie mesure en effet, que la modulation des péages en fonction de leurs émissions de CO2, et/ou de leurs rejets toxiques. On sait que ce sont les vieilles voitures qui polluent le plus, qu'on restreigne leur usage ! Par exemple une interdiction de circuler du lundi au vendredi pour toutes les autos de plus de 25 ans. On sait que ce sont les voitures les plus grosses et les plus lourdes qui rejettent le plus de CO2, qu'on en interdise leur commerce ! Par exemple avec une interdiction d'immatriculer une voiture neuve qui rejetterait plus de 250 g/km de CO2. Un Hummer H2 est à 468 g/km. Le droit de circuler à son bord est-il inscrit dans la constitution pour qu'en période électorale, pas un candidat (pas même Nicolas Hulot) n'ait l'idée de l'interdire ? On préfère mettre en place une usine à gaz juridique, quand les mesures les plus efficaces seraient les plus simples.


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