A Paris, un plan de déplacement d'air
Mar 13/02/2007 — Le Conseil de Paris a adopté hier le fameux projet de Plan de déplacements de Paris (PDP), un vaste shéma de réorganisation des trans
C'est là qu'on voit une différence entre public et privé. Dans une entreprise, quand une politique donne des résultats inverses à ceux escomptés, on s'interroge, et on change de stratégie, mais ce n'est pas comme cela que cela se passe à la mairie de Paris sous Delanoé. On se demande d'ailleurs ce que pourraient faire les auteurs du PDP, s'ils étaient dans une entreprise commerciale, puisque le PDP n'est absolument pas un programme d'action, mais une liste d'idées. Une entreprise fait des business-plans, avec un calendrier, et budgète chaque étape, il n'y a rien de tout cela dans le PDP. Juste des idées, qui ne sont pas hiérarchisées, et sans qu'aucune priorité ne soit définie. On en voudrait, ou au moins une idée mobilisatrice. Comme à Berlin, qui mettra en service 250 bus à hydrogène dans 2 ans. Ou Londres, qui a un projet de plusieurs centaines de bus hybrides pour 2012. Voilà de grandes idées, sur lesquelles on peut en fédérer d'autres, mais il n'y en a pas une seule dans le PDP. Il n'y a même pas une idée nouvelle !
A la limite, nous pourrions écrire qu'il n'y a pas de solution miracle, qu'il est presque normal de ne trouver aucune nouveauté dans le PDP, mais nous sommes obligés de réagir quand on y lit des idées irréalistes. Par exemple celle de mettre en place un guidage dynamique indiquant la disponibilité de places de stationnement vers les parcs publics (p.67). Cela voudrait signifier qu'à chaque instant, l'automobiliste circulant à Paris puisse être orienté vers les places de stationnement disponibles dans le quartier. Ceci implique qu'un ordinateur central connaisse en temps réel, l'état d'occupation de toutes les places de stationnement de la capitale, et que toutes les autos y soient reliés. Nous pensons que cela va coûter cher... Un scoop ensuite : le PDP affirme la nécessité de mieux exploiter l'offre de stationnement vacante (p.74). Il y aurait en effet 4000 places de stationnement vacantes à Paris ! Pour une nouvelle, c'est une nouvelle ! Nous voudrions bien savoir où elles se trouvent... Encore plus étonnant, le PDP propose d'étendre les zones touristiques où les autocars sont interdits de stationnement, tout en renforçant l’offre publique de stationnement spécifique, par la recherche de nouveaux sites de stationnement mieux répartis dans Paris (p.71). Des lieux actuellement disponibles, où on pourrait garer de nombreux autocars, nous en connaissons peu.
Ce PDP prévoit une augmentation des déplacements à Paris intra-muros, il ne considère à aucun moment ce qui pourrait les réduire, seule solution réellement durable. Les rues débordent de voitures, et il y a jusqu'à 4 passagers au m² dans le métro aux heures de pointe. Transport individuel ou collectif, ni l'un ni l'autre ne sont une solution quand, personne allant au cinéma ou au travail, il y a 100 000 déplacements chaque jour pour chaque km² de la surface de Paris. En améliorant les infrastructures, le PDP va accroître encore cette densité, au détriment de la qualité de vie des parisiens. Il conviendrait plutôt de renverser la vapeur. Qu'on démolisse la Tour Montparnasse, ce ferait 5000 personnes en moins à travailler à Paris. Qu'on ferme des universités en demandant aux étudiants qu'ils suivent leurs cours sur Internet. C'est le tiers-monde qui a besoin de croissance, au niveau des transports, Paris doit absolument se mettre à l'heure de la décroissance.
Le plan de déplacement de Paris est accessible en cliquant ici (.pdf, 95 pages, 682 ko). Mais attention, ce texte n'est déjà plus à jour, il a reçu quelques 280 amendements, et s'il a été adopté par le conseil municipal, il ne deviendra applicable qu'après une enquête publique, suivi d'un nouveau vote, et ce sera après les prochaines élections minicipales. Nous espérons qu'alors, la capitale de la France sera dirigée par des gens plus ambitieux que léquipe qui a rédigée ce PDP. Car il ne dit pas un mot sur l'hydrogène, et qui pour les biocarburants, ne propose qu'un parc de bus zéro pétrole en 2026 (p.35). Il y a déjà des bus qui roulent à 100 % au biodiesel en Allemagne, il faudrait attendre 19 ans pour faire la même chose en France.
Laurent J. Masson
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