Hold-up virtuel pour les gros euros de Total
Sam 17/02/2007 — ExxonMobil, 30 milliards d'euros de profits en 2006. Shell, 19 milliards, BP, 17 milliards, Gazprom aussi 17 milliards, et Total vient d'annoncer 12,6 milliards de profits pour 2006. Ces sommes excitent certains politiques, qui veulent leur part.
Et si la loi venait instaurer un partage de ces activités, et donc un partage des profts entre des sociétés de plus petite taille ? Les hypermarchés vendent des carburants automobiles, ils ne possèdent pas de raffineries pourtant. Et ils vendent moins chers ! L'extraction, la production ; le raffinage ; la distribution de carburants, sont 3 activités distinctes. Pourquoi n'y a t-il pas d'homme, ou de femme, politique pour proposer l'interdiction à celui qui exerce l'une de ses activités, d'en faire une seconde ? Les compagnies pétrolières ont récemment mis sur le marché des carburants améliorés : Total Excellium, BP Ultimate et Shell V-Power. Pourquoi ces carburants ne sont-ils pas disponibles dans les hypermarchés ? Pourquoi alors qu'il y a 38 millions de voitures en France, donc 38 millions de clients, toute la distribution de carburants automobiles est-elle concentrée en une petite dizaine d'acteurs ? Pourquoi l'huile végétale brute ou le biodiesel sont ils interdits en France ? Pourquoi n'y a t-il pas de stations qui vendent du gaz naturel ou de l'hydrogène en France ?
Si tous les distributeurs de carburants automobiles étaient totalement indépendants des sociétés pétrolières, il serait plus facile de faire passer un règlement qui les contraindrait à proposer au moins un carburant alternatif, ou bio, ou renouvelable. Et il y aurait beaucoup à faire si on voulait vraiment réduire l'importance du pétrole dans la société, mais il est plus simple de faire de la démagogie.
Pendant ce temps-là, si l'épuisement, et même le Peak-oil, sont encore bien lointains, le pétrole moyen est de plus en plus gras et soufré, alors que les spécifications qualitatives des carburants sont de plus en plus strictes. Le processus de raffinage et de désulfuration est plus complexe, plus coûteux, et... Celui qui raffine va donc gagner plus... Mais pourtant, presque la moitié des raffineries françaises est aujourd'hui à vendre. BP est déjà parti, Shell et ExxonMobil s'y préparent. Le pétrole n'est pas quelque chose de simple. Il n'y a pas de place pour la démagogie, mais il y a besoin d'une vraie autorité. Par exemple pour veiller à ce qu'aucune raffinerie ne soit pas vendue à une société bidon, qui fermerait la boutique (c'est probable) peu de temps après l'avoir acquise, et qui ne disposerait pas des moyens financiers pour en dépolluer le sous-sol avant la reconversion du site.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; carburant-energie ; politique-transport_France