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574,8 km/h, une auto ? Non, c'est le TGV

Mer 04/04/2007   —   Le TGV a établi hier un nouveau record de vitesse, en atteignant les 574,8 km/h. 159 mètres à la seconde, les vaches n'auront pas le temps de le voir passer qu'il aura déjà disparu !
C'est avec un TGV spécial, baptisé V150, que ce record a été établi. Par rapport aux TGV courants, celui du record avait une puissance double de 19,6 mégawatts (rappellons qu'une Peugeot 407 fait 100 kilowatts), et une masse réduite à 268 tonnes puisqu'il ne faisait que 106 mètres de longueur (au lieu de 200 mètres et 430 tonnes). Ce TGV tirait plus long avec des roues de plus grand diamètre, 1092 au lieu de 920 mm, et il était alimenté avec un courant plus fort, 31 000 au lieu de 25 000 volts. Le train avait également été optimisé d'un point de vue aérodynamique, notamment les jointures entre les wagons, et un gros travail avait été apporté aux voies. Le ballast était plus lourd que normal, et lors de la tentative de record, le pèrimètre de sécurité avait été accru, parce qu'avec les vibrations engendrées par une vitesse pareille, on ne pouvait négliger la possibilité qu'un caillou soit projeté sur plusieurs mètres.

Mais tout s'est bien passé, le conducteur, Eric Pieczak, et les clients potentiels qui avaient été invités à bord ont été impressionnés par les performances de ce nouveau TGV. Et la SNCF et Alstom (le fabricant) de clamer haut et fort que c'est sans émettre de gaz à effet de serre, ni recourir à des énergies fossiles. Ce dernier point est faux, puisqu'en France, 80 % de l'électricité est produite par des centrales nucléaires, et que l'uranium ne pousse pas aux arbres. Il y aura un jour où il n'y en aura plus, dans 50/80 ans selon les estimations, mais c'est difficile à établir tant il y a de secret autour des réserves de ce minerai. On voudrait alors faire fonctionner le TGV avec de l'électricité produite de manière renouvelable, mais est-ce possible ?

Le TGV qui a établi ce record de 574,8 km/h est remarquablement efficient, mais il a besoin d'un courant de 20 mégawatts pour fonctionner. Ce n'est pas un hasard si les pays qui ont des trains à grands vitesses sont tous des pays possèdant des centrales atomiques... L'éco-comparateur de la SNCF, qui permet au voyageur de comparer les émissions de CO2 générées par un voyage effectué en train ou en auto, oublie malencontreusement d'évoquer le problème des déchets nucléaires. Les voitures n'en émettent pas. Et par quelle étrange légitimité un transport collectif est-il autorisé à circuler plus vite qu'un transport individuel limité à 130 km/h ? Le TGV est une réussite technologique certaine, bien supérieure au Maglev japonais qui était monté à 581 km/h, mais dont la technologie à sustentation magnétique est inexploitable sur des rails classiques, mais quelle est son utilité ? Plus on raccourcit les trajets, plus les gens se déplaceront, et plus on consommera de l'énergie, cela ne peut pas être la voie à suivre.

Laurent J. Masson



Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; transports-en-commun ; technologie