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Toyota est calife à la place du calife

Mer 25/04/2007   —   Tout le monde s'y attendait, mais pourtant c'est une surprise. Toyota a vendu plus de voitures que General Motors au premier trimestre 2007.
Les grandes nouvelles arrivent parfois sans bruit. Ce fut le cas. Le 19 avril, communiqué de GM sur ses résultats trimestriels, le 24, communiqué de Toyota. Pour un peu, on n'aurait pas fait attention. Mais il y a pourtant de quoi s'affoler, car c'est plus de trois quarts de siècle de règne qui s'achèvent. 2.26 millions de véhicules vendus par GM, 2.35 millions par Toyota (le groupe, avec Lexus, Daihatsu, Scion et Hino). Bien sûr, il ne s'agit que de résultats trimestriels, et ce sont les résultats annuels qui comptent, mais quelque soit la manière dont on fasse les prévisions, il y a peu de chances pour que le mouvement s'inverse. Toyota est passé devant, et il va le rester pour le futur prévisible. Le fabricant studieux de machines à coudre a battu le vieux routier américain.

On veut comprendre pourquoi, mais ce n'est pas simple, car les raisons sont multiples. L'argument que GM doit consacrer une fortune chaque année pour couvrir les soins médicaux de ses anciens salariés est bien réel. Et ses ouvriers américains, largement syndiqués, sont mieux payés que les ouvries américains de Toyota, souvent plus jeunes, et qui ne sont pas syndiqués. Mais au-dessus de tout cela, il y a le management. Constant, rigoureux et appliqué chez le japonais, souvent irrégulier et parfois grossier chez GM. Le concept écolo GM Aero 2000 (ci-contre) était un coup d'éclat fantastique il y a 25 ans (!), idem l'EV1 dans les années 1990, mais c'est tout ce qu'ils furent. Des coups d'éclat quand le reste de la production n'en avait aucun.

On ne peut pas attribuer le succès de Toyota à ses ventes de voitures hybrides, qui représentent bien moins de 5 % du total. La Toyota moyenne n'a pas plus d'éclat que la Chevrolet moyenne (ci-contre une Corolla), mais elle profite de la bonne image que les hybrides ont apporté, en la mariant avec la réputation de qualité du constructeur japonais. Les marques de General Motors avaient elles aussi, une excellente réputation de fiabilité. Chevrolet et Opel ont longtemps construit des voitures très solides, mais pendant plusieurs années, le management GM n'a cherché qu'à réduire les coûts de production en faisant toutes sortes de concession à la qualité du produit. En restant fidèle à ses principes de rigueur, et avec une organisation de production impeccable (le juste à temps), Toyota s'est acquis les faveurs d'une majorité de clients. Tant pis pour GM, dont les produits se sont bien améliorés, mais dont l'image reste terne.

Le but de Toyota, exprimé de longue date, est de parvenir à 15 % du marché auto mondial, et il est vraisemblable qu'il va y parvenir. Mais dommage, si cela sera avec l'image des hybrides, concrètement, ce sera plutôt avec des 4x4, des pick-ups et des S.U.V.


Rubrique(s) et mot(s)-clé : Toyota ; commerce-distribution