Okigo, la location courte durée à Paris
Jeu 05/07/2007 — Comme cela était prévu, après les vélos, la mairie de Paris propose des voitures en libre service pour les parisiens qui n'ont pas le besoin régulier d'une auto.
Le concept est intéressant. Pour le particulier qui n'a pas besoin d'une voiture pour aller travailler, et nous croyons que c'est le cas d'une grande majorité de parisiens, il peut-être habile de ne pas posséder de voiture, donc de s'épargner les frais de parking, et de seulement louer une voiture quand on en a un besoin réel. Ou une envie, par exemple pour s'offrir un petit week-end en province. Les sociétés de location connaissent bien le public que nous venons de décrire, et elles rivalisent d'ingéniosité marketing pour le séduire. Mais un créneau du marché qu'elles ont choisi d'ignorer, est la location de très courte durée, moins de 24 heures, parce que c'est celui pour laquelle la rentabilité est la plus difficile à atteindre.
D'autres acteurs économiques s'y essaient, notamment Caisse Commune et Mobizen, et maintenant Okigo. Juridiquement, les 3 sont parfaitement distincts de la mairie de Paris, mais la mairie encourage leur activité. Elle leur a tous accordés un label Autopartage Paris, et le maire, Bertrand Delanoé, était présent lors de l'inauguration d'Okigo avant-hier. Une différence substantielle différencie ce dernier, il est la filiale commune de 2 grands groupes, Vinci et Avis, alors que Caisse Commune et Mobizen sont des PME. Nous voyons l'action de la mairie de Paris, pour avoir convaincu des gros d'investir sur ce marché. Mais l'offre d'Okigo ne se distingue pas de celle de Caisse Commune ou Mobizen. Pour les 3, il faut devenir membre. L'abonnement est 9.90 € par mois chez Okigo, c'est pour une durée minimale d'un an, règlement par prélèvement automatique, il faut le payer même si on ne loue pas de voiture dans le mois. Les voitures sont des Peugeot 1007 HDI 70 ch, sans FAP (on croyait que ce serait des voitures écologiques, c'était une information erronée). Quant à la location proprement dite, il n'y a pas de forfait, elle est à la durée et au kilométrage. 4 € de l'heure et 35 centimes du km. Pour un parisien qui voudrait aller déjeuner à Versailles, nous comptons 43 km et 3 heures, ce qui fait 27.05 €.
Et on voit tout de suite les limites du système. Parce qu'on peut trouver des voitures à louer 50 € la journée avec 100 km inclus. Le concept n'est donc intéressant que pour effectuer des trajets courts et rapides, au-delà, mieux vaut s'en tenir aux loueurs traditionnels. Ils offrent de surcroît l'avantage de clôturer les responsabilités de chacun, avec l'employé de la société de location qui examine l'auto rendue en présence du locataire sortant, ce que personne ne fait chez Okigo. C'est le nouveau locataire, qui a la charge de vérifier que l'auto qu'il a réservée est propre et sans dommages, quand il en prend possession (il doit sinon prévenir), et il doit la rendre dans le même état (idem). Le contrat d'Okigo précise même l'interdiction de fumer dans les véhicules, pour éparger au locataire suivant toute odeur de tabac froid ! Voilà qui courtois.
Chacun doit être resposable, la réussite d'une société de partage est à ce prix. Bien sûr que les avantages sont nombreux pour la collectivité. Moindre occupation de l'espace, puisque le nombre de voitures par habitant est réduit, et moindre consommation d'énergie puisque l'usage est réduit du fait de l'interdiction des ballades impromptues : on ne peut plus prendre la voiture comme ça pour aller faire un tour, il faut réserver à l'avance. Et l'exploitant n'est tenu qu'à ce que 80 % des demandes enregistrées 24 heures à l'avance soient satisfaites. Mais si ces principes sont bons, pourquoi en limiter l'application aux seules voitures, et ne pas l'étendre aux lave-linges ? Ces appareils prennent de la place dans les cuisines et salles de bain, juste là où on en manque. On dit qu'une voiture reste 95 % à l'arrêt, c'est encore plus vrai pour un lave-linge, qui sauf famille nombreuse, est loin de tourner tous les jours. Et les lits ? Quel est ce scandale qu'il y ait des SDF à Paris quand tous les jours à Paris entre 10 h et 20 h, il y ait plus d'un million de lits sans personne dedans ?
Le problème de Paris est la trop forte densité de la population. Cela réduit la qualité de la vie, et augmente son coût. A défaut d'organiser des délocalisations massives vers la province par le transfert des activités économiques (nous attendons cela de M.Borloo, qui a la responsabilité de l'aménagement du territoire), au nom de l'écologie, la mairie de Paris organise la pénurie et le rationnement.
Laurent J. Masson
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