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Le biodiesel serait contraint à ralentir

Sam 21/07/2007   —   On y croit et on l'attend, le biodiesel peut répondre à la demande toujours croissante de gazole en Europe. Mais pourtant, la croissance de ce biocarburant pourrait s'étouffer.
La production de biodiesel en Europe s'est accru de 30/35 % en 2002/2004, puis de 65 % en 2005, et encore de 54 % en 2006. C'est mieux qu'une Start-up d'Internet, mais malheureusement, cette forte croissance pourrait se ralentir. Et même se figer si les premières craintes sur l'état du marché en 2007 se confirment. C'est un drame car la production est en hausse, et qu'elle le sera aussi en 2008. C'est du côté de la demande que cela patine. Est-il besoin de rappeler qu'il n'y a toujours aucune station pour commercialiser du biodiesel en France ? Et pas non plus en Italie, ni en Espagne ? On a fait le choix de l'incorporation, c'est-à-dire qu'il n'y a pas besoin de vendre du biodiesel dans les stations service, puisqu'il y a du biodiesel en petite quantité dans n'importe quel gazole. Voilà le discours officiel, mais la réalité est assez différente. On en trouve encore souvent du gazole 100 % pétrole. La vente de gazole est un gros business, et si la demande de gazole est inférieure à la production en Europe, il y a des personnes que cette situation arrange. Avec 4.9 millions de tonnes de biodiesel produites en 2006 (743 000 tonnes en France), il n'y a pas de quoi combler le déficit, mais c'est un objectif possible à 10 ans, à condition qu'on se donne les moyens d'y parvenir.

L'Europe compte aujourd'hui 185 usines de production de biodiesel en activité, et 58 autres sont en construction. Mais pour absorber cette production en hausse partout en Europe, il faudrait, pour les pays les plus en retard, interdire la vente de gazole non coupé avec un minimum de biodiesel, et pour les pays les plus avancés, modifier la norme qualitative qui limite à 5 % la proportion de biodiesel dans le gazole. Problème, il y a des constructeurs qui font de la résistance. C'est assez étonnant de voir que pendant que PSA explique que tous ses diesels HDI acceptent depuis 2006 jusqu'à 30 % de biodiesel, un prestigieux constructeur allemand met en garde contre l'emploi de 10 % de ce même biodiesel. Au moment où les constructeurs germains sont en conflit ouvert avec Bruxelles pour réduire les émissions de CO2 de leurs autos, on comprend mal ce discours, même si les nouvelles technologies de dépollution, comme Bluetec, sont particulièrement sensibles à la qualité du carburant.

Comme si cela ne suffisait pas, en sus des pétroliers qui ont avantage à importer du gazole non européen, et des constructeurs réticents aux carburants agricoles, la filière biodiesel européenne a un troisième ennemi inattendu : les agriculteurs américains. On produit aussi du biodiesel aux USA, et les producteurs reçoivent une subvention à l'exportation de leur gouvernement s'ils vendent ce biodiesel en Europe ! Résultat, le transport ne coûtant presque rien, le biodiesel américain est nettement moins cher que le biodiesel européen. Alors que l'Europe a su dire non à l'éthanol brésilien pour se doter de sa propre filière de production, ce serait la moindre des choses qu'elle fasse de même avec le biodiesel américain. Mais dans combien de temps ? La filière ne peut attendre. On a investit de grosses sommes pour construire des usines, ce serait catastrophique pour la suite des opérations si la rentabilité de ces investissements venait à chuter.


Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; biocarburant ; politique-transport_Europe