La Prius débridée car rechargeable

Ven 27/07/2007 — Enfin ! Après que plusieurs dizaines de Prius aient été converties artisanalement pour avoir plus d'autonomie en mode électrique, Toyota réalise son propre prototype.

Ce n'est que logique que si une voiture possède 2 moteurs utilisant 2 énergies distinctes, on puisse faire le plein de l'une ou l'autre. Pourtant, aucune voiture hybride commercialisée ne permet cela. Leur fleuron, la Prius, comme toutes, doit se débrouiller à récupérer l'énergie perdue au freinage ainsi que celle du moteur à combustion quand sa puissance n'est pas totalement requise par la propulsion du véhicule. Certes, cette technologie est déjà très effective. La réduction de la consommation d'essence est substantielle, mais elle serait encore plus grande si la batterie était d'une capacité supérieure (voir l'exemple de Google). Ecrivons-le franchement, la Prius a une batterie trop petite. Tous les hybrides Toyota ont de même des batteries de capacité insuffisante. Personne n'a jamais dit cela, Moteur Nature est le seul à le dire, mais il suffit de lire la fiche technique d'une Prius pour se convaincre que c'est vrai. La Prius possède un moteur à combustion et un moteur électrique, en toute logique, nous voudrions que la puissance maximale de l'auto soit égale à la somme des puissances de ces 2 moteurs, ce n'est pas le cas.

Le moteur 4 cylindres de la Prius a une puissance maximale de 57 kW, celle de son moteur électrique est de 50 kW. Nous voudrions que la puissance disponible totale soit de 107 kW, mais à plus de 85 km/h, elle n'est que 82 kW (110 ch), parce que la batterie est de capacité insuffisante. C'est exactement comme la bride à l'admission d'une voiture de course. On limite le débit de carburant, et le moteur ne peut fournir toute la puissance qu'il pourrait délivrer, si on lui en donnait autant qu'il le voulait. Sur la Prius et les hybrides Toyota, l'élément limitatif est le pack de batteries. Il est insuffisament fort pour fournir le courant dont on aurait besoin le moteur électrique pour donner sa pleine puissance.

Le premier atout du prototype rechargeable développé par Toyota est là. La batterie est plus puissante, la voiture est plus puissante. C'est un avantage que Toyota est seul à pouvoir prodiguer. Car si plusieurs kits sont déjà disponibles pour accroître la capacité du pack de batteries de la Prius, aucun ne modifie l'électronique de gestion. Elle est beaucoup trop protégée et complexe, seul le constructeur peut la modifier. Les kits disponibles ne modifient guère que le signal envoyé par le pack de batteries quant à son niveau de charge. Avec un logiciel de gestion réécrit, ces prototypes Toyota (8 sont prévus) seront considérablement plus performants que les kits développés par des tiers.

La puissance disponible passe ainsi à 100 kW. C'est 26 ch de plus que la Prius de série, alors que les 2 moteurs, thermique et électrique, sont identiques. Pas mal, même si les batteries supplémentaires rajoutent 100 kg à l'auto. C'est là le problème. Qui est d'autant plus grand que Toyota a conservé la technologie NiMH de la Prius de série. Pour stocker une grande quantité d'électricité, il aurait été plus avantageux de passer au Lithium-Ion. Toyota le sait, mais nous gageons que les ingénieurs en charge de ce projet n'ont pas eu le budget pour faire développer le pack idéal. En l'attendant, la Toyota Prius Plug-in HV (c'est son nom complet), a pris 100 kg, mais c'est avec un chargeur embarqué. La voiture se recharge en moins de 90 minutes avec un courant à la tension de 200 V, en 3 ou 4 heures s'il n'est que de 100 V (les caractéristiques de l'électricité distribuée au Japon sont différentes de celle du réseau français).

Mais quelles qu'elles soient, on déconseillera de s'attarder sur les caractéristiques. La consommation a été divisée par 2.7 dans un test de consommation japonais (par rapport à la Prius normale, avec la batterie chargée au départ), mais ce test n'a rien à voir avec les conditions de circulation européennes. Ensuite, l'autonomie en mode électrique est de 13 km, c'est beaucoup trop peu, mais ce n'est pas important sur des prototypes qui n'ont pas d'autres buts que de valider une architecture, et de donner aux ingénieurs une pratique de l'hybride rechargeable. Il n'y a toujours aucune raison de penser que la Prius 3 sera rechargeable, et tant mieux pour la concurrence. Car Toyota est le chef d'orchestre mondial dans le domaine des hybrides. Il a lancé sa première Prius en 1997, et il commercialise aujourd'hui au Japon une série spéciale 10 ans (ci-dessus, en bleu). Il pourrait se faire ravir sa place par General Motors avec la Volt (?), mais si Toyota passe le cap de l'hybride rechargeable, il reprendrait le large (sauf par rapport à GM) face aux autres constructeurs qui en sont encore à développer des hybrides classiques.

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