PSA en manque d'ambitions écologiques
Mer 05/09/2007 — C'est en février que Christian Streiff, le nouveau président de PSA Peugeot Citroën, avait lancé Cap 2010, un plan d'actions pour revitaliser le groupe. Il en a précisé les détails hier.
Il faut de la passion et de la raison pour diriger un grand groupe, mais c'est surtout de ce second élément qu'a usé M. Streiff dans l'énoncé de son programme. Et il est vrai qu'il en faut, PSA n'a pas droit à l'erreur. La marge opérationnelle consolidée du groupe a été de 2 % en 2006, ce n'est pas satisfaisant ! M. Streiff propose de la faire grimper à 5,5/6 % (comme Renault) d'ici 2010, voilà qui le serait. Et plus fort, l'ambition pour 2015 est d'être « le groupe le plus compétitif en Europe ». Les moyens d'action seront une amélioration de l'outil de production par le déploiement du Système de Production PSA, la mise en place du système d'efficacité industrielle Convergence, une meilleure utilisation des capacités industrielles, une productivité dans les achats accrue, une réduction des frais fixes, des délais de développement et des coûts logistiques, etc... Mais nous avons aussi noté une division par 2 des coûts de garantie. Voilà une excellente idée. M. Streiff indique vouloir diviser par 2 le nombre d'incidents qualité, diviser par 3 les délais de résolutions d'incidents, et être dans le Top 5 européen, en qualité de service pour Peugeot et Citroën. Nous soulignons cet engagement pour la qualité du produit, qui s'il permettra des économies financières bien réelles, aboutira aussi à améliorer l'essentielle satisfaction du client, car l'objectif final est d'augmenter les ventes.
Mais que tout le monde ne se réjouisse pas : PSA est clairement dans une phase, qu'on appelle pudiquement, de décroissance d'effectifs en Europe de l'Ouest. C'est la raison qui parle, et M. Streiff est très lucide en expliquant que la majeure partie de la croissance possible de son groupe est en Amérique du Sud, en Russie et en Chine. Nos pays européens sont déjà bien motorisés, et pour convaincre leurs habitants avec une nouvelle auto, la raison ne suffit plus, il faut de la passion. La Peugeot 607 illustrée sur cette page est une bonne voiture, très fiable, mais il lui manque le cachet et le luxe d'une Mercedes, ou la performance et la sportivité d'une BMW, ou la rigueur de construction et de finition d'une Audi, ou... Quelque autre chose de spécial...
C'est là que M. Streiff a évoqué l'écologie. PSA doit « consolider sa position de n° 1 de la voiture écologique ». Tout le monde ne le sait pas, mais effectivement PSA a été, cette année 2007 pour la deuxième fois, le leader du classement de l’ADEME, avec des émissions de CO2 pondérées des ventes de véhicules neufs en France en 2006, ressortant à 140 g/km. Et rappellons que PSA est l'inventeur, et le plus gros promoteur, du filtre à particules. Il reste enfin le constructeur qui a le plus fabriqué de voitures électriques dans le monde, même s'il n'en fabrique plus aujourd'hui. PSA est réellement un leader écologique, et il entend le rester, mais l'objectif que fixe M. Streiff pour cela « est de gagner en moyenne au moins 10g/km de CO2 en Europe ». C'est insuffisant. Nettement insuffisant.
PSA a été le précurseur du Stop & Start, ce dispositif qui coupe le moteur quand le véhicule est à l'arrêt. Disponible sur une série spéciale de Citroën C2 et C3, c'est désormais un équipement de série sur toutes les BMW série 1, 3, 5 et Z4 à boite mécanique. Que PSA suive l'exemple de BMW, et hop, l'objectif est déjà dépassé ! Mais M. Streiff s'est limité à annoncer un million de voitures équipées en 2011. Il serait aussi possible de progresser significativement en abandonnant rapidement les vieux 4 cylindres essence (par exemple ceux des Citroën C4) pour les remplacer partout par le nouveau bloc déjà disponible sur la 207. Ce simple remplacement garantit à lui seul une baisse des émissions de plus de 10 g/km de CO2, et nous savons qu'il est déjà prévu. Avec de surcroît les motorisations HDI hybrides qui scalperont les émissions de CO2 d'au moins 30 g/km en 2010, Christian Streiff n'a pris aucun risque en annonçant une baisse de 10 g/km. Il peut faire mieux, et nous attendons mieux. L'Union Européenne attend mieux elle aussi, et les allemands... Feront mieux. BMW fait déjà mieux.
Laurent J. Masson
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Citroen ; commerce-distribution