Le pétrole monte, la grogne aussi hélas
Mer 07/11/2007 — Qu'il est loin le Grenelle de l'environnement ! Oubliés les beaux discours sur la nécessité de réduire notre consommation d'hydrocarbures ! Mort-née, la taxe carbone ! Les gens veulent de l'essence pas chère.
Des hydrocarbures pas chers pour qu'on puisse en consommer autant qu'on veut, ou, une réduction des émissions de gaz à effet de serre pour combattre le réchauffement de la planète. C'est le beurre ou l'argent du beurre, l'un ou l'autre. Nous avions cru (!) que toute la classe politique avait adopté les thèses écologistes, nous avons eu la désagréable surprise de voir des acteurs politiques de premier plan demander le maintien du pouvoir d'achat. Il va y avoir du boulot, si le gouvernement doit garantir le prix d'une ressource fossile en voie d'épuisement ! Même la TIPP flottante (baisse des taxes quand le pétrole monte, hausse quand il descend) n'est pas morale. L'état n'a pas à servir de coussin amortisseur pour adoucir la réalité du renchérissement du prix du pétrole. La TVA devrait-elle aussi devenir flottante pour éviter que les revenus de l'état augmente en cas d'inflation ? Le calcul rapide est de surcroît faux, ce n'est pas parce que le prix d'un produit augmente, que les revenus d'une taxe proportionnelle au volume vendu augmente d'autant. Quant à cette hausse, elle n'est pas celle du peak oil (le jour où la demande de pétrole sera supérieure à l'offre), pas encore, elle est plus simplement la marque de la nervosité des marchés boursiers face à plusieurs incertitudes. Mais l'avantage de la situation est de nous faire passer un bac blanc, prélude à l'épreuve réelle, et de nous y préparer.
Pour toutes les entreprises dont le business-model repose sur un pétrole pas cher, il n'y a que 2 alternatives. Soit on réécrit le business-model pour l'adapter au pétrole cher, soit on ferme la boite. Ce n'est pas gai, mais il faut le dire clairement, et c'est ce que le gouvernement devrait faire. Ce qui est cédé aujourd'hui aux marins-pêcheurs devra l'être demain aux routiers, et la liste des plaignants est sans fin. Dans le cas particulier de la pêche, la nouvelle que l'activité n'est plus rentable pour certains est presque bonne, tant l'exploitation des ressources halieutiques est éloignée de l'idéal d'une gestion durable. On ne pêche plus là où on pêchait il y a 50 ans, parce qu'il n'y a plus de poissons. Il faut aller de plus en plus loin, et de plus en plus profond. Des 7636 navires de pêches français, nous ne serions pas fâchés d'en voir disparaitre un tiers, et que ces hommes évoluent vers un développement massif de l'aquaculture. Un développement qui a d'ailleurs bien commencé, aussi bien en Méditerranée que sur l'Atlantique. A l'image des agriculteurs qui produisent l'huile végétale avec laquelle ils ravitaillent leurs tracteurs, il serait enthousiasmant que les pêcheurs plantent des algues avec lesquelles on produirait un biocarburant. La technique est encore expérimentale, mais elle n'appartient déjà plus à la science-fiction.
Laurent J. Masson
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