Attention, le CO2 ne fait pas grève
Mer 14/11/2007 — Voiture ou transports publics pour réduire les émissions de CO2 ? Pour beaucoup de français, le choix n'est pas permis.
En 2008 encore, des artisans prendront leur retraite après avoir cotisé 40 ans, et ils ne toucheront que 500 euros chaque mois. Mais de cela, les cadres de la CGT, qui organisent la grève de ce jour, se moquent. C'est normal. Un syndicat ne parle ni n'agit au nom de l'ensemble de la population, mais défend ses adhérents, qui dans le cas de la CGT, sont à une écrasante majorité, des salariés du secteur public. Leurs droits à la base sont supérieurs aux autres français, ils peuvent partir à la retraite plus tôt, et toucher plus que les autres citoyens à cotisations égales. Ils le reconnaissent ouvertement dans un tract : « Il existe bien un certain nombre de règles plus favorables dans les entreprises publiques. Mais leur remise en cause n’apporterait rien en matière de droit à la retraite aux salariés du privé ».Il est tout aussi vrai que si le Prince Walid ben Talal voyageait en avion de ligne, au lieu de prendre l'A380 (le plus gros avion du monde) qu'il vient de s'offrir pour ses déplacements personnels, cela n'améliorerait pas le pouvoir d'achat des agriculteurs du Lot et Garonne. Au niveau des transports, il y a pourtant un problème, car la France a besoin de transports en commun efficients et durables.
On définit habituellement la durabilité d'une activité par son caractère écologique, mais on ne peut ignorer la rentabilité. Et que voit-on sinon que tous les transports publics, partout en France, sont copieusement subventionnés ? Nous cherchons (en vain !) un exemple de transport public qui soit capable de renouveler ses matériels à l'aide de ses seuls bénéfices. A titre d'exemple, le tramway de Nice, qui va entrer en service sous peu, a coûté plus de 100 millions d'euros de plus (!) que dans son budget initial. Et encore cette somme ne correspond qu'au dépassement budgétaire pour la première phase du projet. Les niçois n'ont pas fini de payer... Si la suppression des régimes spéciaux des employés des sociétés de transports publics permet d'ameliorer les finances de ces entreprises, pour les rapprocher de la rentabilité, et ainsi accroître leur durabilité, il faut être pour. Et bien sûr, par souci d'équité, comment s'opposer à une réforme qui vise à égaliser les droits entre les citoyens ?
Dans cette optique, nous nous alarmons du choix faussé, entre transport en commun dont l'utilisation ne rejette pas de gaz à effet de serre, et de la voiture individuelle qui en rejette. Pour garantir la liberté de mouvement de chacun, contre le bon vouloir de professionnels plus préoccupés de leur avantages indûs que de leurs missions, il y a urgence à développer la voiture zéro pollution pour tous. A défaut, ce jour sera une très mauvaise journée pour le réchauffement climatique. Les grévistes s'en soucient-ils ?
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; politique-transport_France