CO2 et particules, les bateaux champions
Lun 26/11/2007 — Il est assez étrange que pendant que les émissions de CO2 des voitures font régulièrement les gros titres, personne ne semble se soucier de celles des bateaux.
L'ouverture cette semaine du salon nautique de Paris, samedi, place le sujet à la une, il y a toute sa place. Parce que si les émissions de CO2 des bateaux de plaisance sont, encore, faibles par rapport aux émissions globales, elles sont en augmentation constante depuis plusieurs années. La météo est souvent capricieuse, mais la plaisance est au beau fixe depuis plusieurs années, et elle ne semble aujourd'hui limitée que par l'insuffisance de place dans les ports. Sur la Méditerranée, de Hyères à Menton, ils sont tous pleins ! Et c'est heureux, puisqu'ils font vivre des milliers de professionnels, mais ce qui ne l'est pas, est que les émissions de gaz à effet de serre du bateau moyen sont en hausse par l'augmentation des puissances. Les hors-bords se contentaient il y a peu de 10/40 ch, le nouveau moteur F350A de Yamaha n'en donne pas moins de 350 (photos). Il établit un nouveau record, puisqu'il est le moteur hors-bord le plus puissant du marché.
Primé à l'Ibex 2007 (un salon américain), ce superbe V8 à allumage commandé a une cylindrée de 5330 cm³ et une distribution variable. Il n'a rien à envier à un moteur automobile, sinon sa dépollution. Car même si de nouvelles normes sont récemment entrées en vigueur, le législateur n'a pas la vision globale qu'il devrait. La loi autorise une moto à polluer plus qu'une voiture, et un bateau à le droit de polluer encore plus qu'une moto. C'est ainsi que côté diesel, on n'a jamais vu de filtre à particules sur un bateau, alors que le carburant vendu dans les ports est moins raffiné que celui des stations-service : sa combustion rejette plus de polluants toxiques. Et comme les pouvoirs publics ne sont pas à un illogisme près, il est moins taxé. Ce n'est pas mieux pour le CO2, puisque quand tous les concessionnaires auto ont l'obligation de mettre des étiquettes CO2 sur chaque modèle à la vente, personne ne mesure seulement les émissions des bateaux de plaisance. Une promenade en mer sur un bateau puissant est si agréable, qu'on en oublie qu'elle pollue !
Ou tout le monde s'en moque (ou presque), et c'est une honte quand le bateau zéro pollution à énergie renouvelable est plus ancien que le bateau polluant à énergie fossile. Le bateau électrique à propulsion solaire est récent, mais le bateau à voile à plus de 3000 ans. Qu'attend-on pour interdire la plaisance à propulsion par énergie fossile ?
Laurent J. Masson
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