Autolib : quand M.Delanoé... Copie
Lun 14/01/2008 — Bertrand Delanoé, maire de Paris candidat à un second mandat, a présenté hier les grandes lignes de son projet pour la capitale, avec l'annonce d'un ambitieux projet de voitures partagées.
La question des transports est cruciale à Paris, et M.Delanoé en est bien conscient, elle constitue plusieurs points de son programme (.pdf, 68 pages, 1,6 Mo, habilement titré Paris, un temps d'avance), et à côté de l'extension du tramway, des aides à l'achat d'autos plus sobres (-120 g/km de CO2) pour les taxis, la création de points de rencontre covoiturage ou la construction de nouvelles pistes cyclables (très bien), voilà ce qui retient l'attention des automobilistes : « Nous lancerons une délégation de service public qui, dès 2009, permettra de proposer aux usagers au minimum 2 000 voitures propres (électriques ou hybrides) en libre service. Ce dispositif inédit «Autolib» sera élaboré en concertation avec les communes voisines afin d’offrir un service qui réponde aux besoins de déplacements au coeur de l’agglomération. »
Le caractère inédit du projet est bien sûr pour Paris, puisqu'un dispositif semblable existe déjà à La Rochelle, Lisélec, depuis... Plusieurs années déjà. Et si on n'en a pas fait autant à Paris, alors que la capitale était naguère pionnière dans le domaine du véhicule électrique, c'est parce que le tandem Delanoé/Baupin (son adjoint aux transports) n'ont pas suivi les projets mis en place par l'équipe municipale précedente. La première borne de recharge pour véhicule électrique sur la voie publique, place Saint Gervais (juste derrière l'hotel de ville), avait été inaugurée par Jean Tibéri (maire de Paris à l'époque) le 28 novembre 1995. Plusieurs dizaines d'autres suivèrent assez rapidement, et 2 ans après, on ouvrait le Club du véhicule électrique de Paris, où n'importe qui pouvait venir essayer un véhicule électrique, la mairie en achetait plusieurs. Il y avait notamment à Paris des bennes à ordures électriques, et en l'an 2000, on avait testé des minibus électriques dans le quartier latin, ainsi que dans le Marais. Seul celui de Montmartre entra en service en juin 2001, avec la bénédiction de M.Delanoé nouvellement élu, mais les projets d'autres autobus électriques dans la capitale furent abandonnés, et les bennes à ordures électriques furent remplacées par des bennes alimentées au gaz naturel.
Le Club du véhicule électrique est devenu l'Espace Mobilités Electriques. On ne peut plus y essayer de voitures, mais des scooters y sont disponibles. Quant au projet de voitures partagées, baptisé Autolib, M.Delanoé le présente comme nouveau, mais il existait déjà à Paris du temps de Tibéri, inspiré du l'expérience de La Rochelle, commencée en 1999... C'est toujours amusant de voir ressortir avec les élections des vieilles idées qu'on avait soigneusement enterrées jusqu'alors... Le maire de Paris surprend cependant par l'ampleur qu'il souhaite donner au projet. Il parle en effet d'un minimum de 2000 voitures, ce qui sous-entend de mettre en jeu de grosses sommes... Lesquelles iraient à un exploitant privé, puisqu'il évoque de confier une délégation de service public. M.Delanoé n'en dit pas plus pour le moment. On suppose cependant qu'il a fait réaliser une étude de marché avant d'engager pareille dépense. Enfin, 2000 nouvelles voitures à Paris, la première question est de savoir où on va les garer. Il serait sans doute plus simple d'accorder une subvention aux nombreux loueurs de voitures déjà en place, lorsqu'ils loueraient des voitures électriques.
Laurent J. Masson
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