CO2 : mauvais coup du parlement
Mer 16/01/2008 — Dans la bataille qui oppose la Commission de Bruxelles aux constructeurs automobiles pour réduire les émissions de CO2, le Parlement s'est rangé hier du mauvais côté.
Ce n'est pas la première fois que le Parlement européen tire dans les pattes de la Commission, mais on ne l'attendait pas frapper aussi fort sur un sujet aussi important. On connait l'objectif de la Commission, réduire à 120 g/km de CO2 en moyenne les émissions de la voiture neuve vendue en Europe en 2012, et la position des constructeurs, qui en dépit de leurs engagements passés, disent, non pas que ce n'est pas possible, mais que cela coûterait trop cher. C'est sur cet argument que s'est basé le Parlement. Réduire les émissions de CO2 n'est pas un problème technique, mais d'argent, donc de marché, c'est à dire d'emploi. Selon l'étude réalisée par TNO, le cabinet hollandais, le surcoût que devrait porter la voiture européenne moyenne pour parvenir à l'objectif de 120 g/km de CO2 serait de 3600 euros. C'est par voiture, en moyenne, et il faut comprendre qu'une auto qui se vend aujourd'hui 20 000 € se vendrait 24 000 € en 2012. Un surcoût substantiel qui fait l'objet de nombreux débats, et qui pourrait en fait se révéler nettement inférieur à 3600 €, mais qui risque pourtant de redistribuer toutes les cartes sur le marché. Avec une contrainte coût si forte pour les constructeurs, qu'ils n'auront pas d'autres moyens (!) que de procéder à des délocalisations, fermetures d'usines et milliers de licenciements.
Pour prévenir cela, et plutôt que d'entamer une néogication qui s'annonce serrée considérant que les temps de développement sont longs dans l'industrie automobile, « les députés demandent à la Commission de ne pas fixer d'objectifs obligatoires en matière d'émissions de CO2 avant 2015 ». Et qu'à cette date, l'objectif ne serait que de 125 g/km de CO2. Ceci est un extrait du rapport d'initiative de Jorgo Chatzimarkakis, il a été adopté par le Parlement européen par 607 voix pour, 76 contre et 14 abstentions. Nous ne pouvons que regretter que dans le bras de fer qui oppose l'industrie aux écologistes, le Parlement se range avec une aussi écrasante majorité dans le camp du premier. Les gouvernements français et allemand se sont déjà rangés dans ce même camp du soutien à l'industrie, et la Commission est d'autant plus isolée que les grosses associations écologistes, comme Greenpeace, ont violemment critiqué son projet parce qu'il était insuffisant. C'est pourtant le moment d'appuyer le projet de Bruxelles, sinon ce sera la voix de celui qui a le plus d'appuis qui s'imposera.
Illustrations, Volkswagen Golf Blue Motion, 119 g/km de CO2, et Renault Megane dCi 105 ch, 120 g/km de CO2.
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