NExBTL : les bus 100 % biocarburant roulent
Dim 06/04/2008 — On avait déjà vu de nombreuses expériences d'autobus circulant avec un gazole coupé avec un biocarburant, mais voilà des autobus qui marchent à 100 % grâce à l'agriculture.
Ce carburant 100 % agricole et renouvelable, s'appelle NExBTL, et on peut le qualifier de biocarburant de seconde génération. Il est finlandais, et il est employé dans des autobus Scania à Helsinki. L'expérience avait commencé l'année dernière, avec des mélanges de 30 % de NexBTL avec 70 % de gazole, et on prévoyait d'augmenter progressivement la part du biocarburant sur une période de 3 ans, mais les premiers résultats sont si prometteurs que les finlandais ont décidé d'accélérer le rythme, et de passer au 100 % agricole tout de suite. Avec l'approbation pleine et entière de Scania, qui suit les véhicules de près. Le NExBTL, c'est un peu le troisième volet du développement de l'huile végétale. On sait que l'huile végétale brute marche dans un moteur diesel, mais pas dans les diesels avec injection à très haute pression qu'on a aujourd'hui. Il y a ensuite le biodiesel, tel qu'on le connait en Allemagne, mais sa teneur énergétique, comme son indice de cétane, restent inférieurs au gazole pétrolier. C'est là qu'arrive le NExBTL avec son indice de cétane nettement supérieur, et dont toutes les autres propriétés sont supérieures ou égales au gazole.
Le NExBTL a été inventé par Neste Oil, il est fabriqué dans l'usine de Porvoo, en Finlande (illustration ci-dessus), et on peut le produire à partir de presque n'importe quelle huile végétale ou animale. Cette première raffinerie est déjà pleinement opérationnelle, une seconde est déjà en construction, d'autres devraient suivre bientôt. Parce qu'en sus d'être renouvelable, le NExBTL est avantageux en terme de réduction des polluants toxiques. D'après les tests réalisés par Scania sur un diesel à la norme Euro-4, remplacer le gazole par du NExBTL réduit les émissions d'oxydes d'azote de presqu'un cinquième, et celles de particules de plus d'un quart. Sur un moteur qui n'avait pas été optimisé... Tout cela serait donc très prometteur, si Neste Oil n'envisageait d'accroître sa production en achetant comme matière première de l'huile de palme. Auprès de fournisseurs indonésiens connus pour détruire des forêts primaires. Alors qu'on pourrait planter des milliers d'hectares de colza juste à-côté de la Finlande, de l'autre côté de la frontière russe... Tout le drame des biocarburants est là, ils ne sont une excellente solution que si on les produit avec éthique. La politique parviendra t-elle à en imposer une ?
Laurent J. Masson
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hors-constructeur ; biocarburant