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Porsche et Londres, un conflit délicat

Mer 09/04/2008   —   Le constructeur automobile Porsche a entamé une procédure juridique contre la mairie de Londres, il est difficile de prendre parti pour l'un ou l'autre. Mis à jour.
En cause, le péage urbain. Ce péage anglais, c'est un peu comme le bonus-malus français, mais sans le bonus. C'est à dire que les voitures qui rejettent le plus de CO2, exemple un Porsche Cayenne, le payent à sa tranche maximale, tandis que celles qui en rejettent le moins, exemple une Twingo diesel, en sont exemptées, mais leurs propriétaires n'ont pas de prime pour autant. Et pendant que le bonus-malus ne rapporte rien à l'état français, les anglais ont tous les droits de dire que le péage ne sert qu'à engraisser les fonctionnaires municipaux, ils ne s'en privent pas.

Arrive Porsche, constructeur de voitures très puissantes, et dont presque tous les modèles sont dans la tranche maximale du péage, que le maire de Londres a proposé de porter à 25 £ (31 €) par jour. Personne ne peut contester que la somme soit élevée, mais cela n'a pas empêché le maire de Londres, Ken Livingstone, de dire qu'il avait le soutien de sa population dans son projet, faisant référence à un sondage réalisé en décembre dernier. Une bizarrerie cependant, Porsche a fait réaliser à ses frais un second sondage, qui contredit nettement le premier. Et alors que Porsche a publié tous les détails de son sondage, on les attend encore pour celui du maire de Londres.

Le constructeur allemand explique ensuite que le péage urbain à 25 livres par jour pour les plus grosses voitures aurait une efficacité très limitée, voire nulle, voire contraire à l'objectif de réduire les émissions de CO2 et les embouteillages. Et sur ce sujet épineux, Porsche a probablement raison. Le péage a des effets sur le commerce. Les automobilistes ne vont plus dans les établissements situés dans la zone à péage, et n'hésitent pas à aller plus loin, mais là où il n'y a pas de péage. On a aussi remarqué de gros embouteillages dans les rues limitrophes de la zone à péage, tandis que le nombre de voitures en circulation ne baisse pas, car les petites voitures sont exemptées de payer. Dans certains cas, c'est même pire, avec des familles qui remplacent une grande berline par 2 autos, une Smart et une Twingo diesel. Et on part en week-end avec les 2 voitures, on se téléphone en conduisant pour voyager ensemble...

Pour ces raisons, Porsche a lancé une procédure appelée judicial review auprès de la Haute Cour de Justice. C'est la méthode employée pour dénoncer les abus de pouvoirs, et c'est une procédure lourde. Il faut que Porsche ait confiance dans son dossier pour la lancer. S'il y en a qui disent que Porsche se fait de la pub pour pas cher, ils ne connaissent pas les frais d'avocat à Londres. Enfin, il y a la mauvaise image que Porsche acquiert auprès des écologistes en agissant ainsi. Mais même le plus vert des verts ne peut que reconnaitre que le changement climatique n'est pas un problème municipal. L'individu qui roule dans une auto qui rejette peu de CO2 peut s'en féliciter, mais il ne servirait pas à grand chose de faire une petite zone où tout le monde roulerait en Smart, Clio diesel ou Prius, pendant que les Porsche et les Hummer tourneraient autour en toute liberté.

Mieux vaut soutenir l'Union Européenne contre les constructeurs, parce qu'elle veut imposer des normes strictes qui s'imposeront à tous, et qui auront des effets sur tout le continent. C'est pour toute le planète que Porsche doit réduire les émissions de CO2 de ses autos.
A problème global, solution globale !

Laurent J. Masson

ADDENDUM 09/04/2008 15 h 30 : Porsche révèle aujourd'hui que Transport for London (TFL), l'organisme qui chapeaute le péage urbain à Londres, avait fait faire une étude d'impact sur les conséquences de son augmentation à 25 £ par jour pour les voitures qui rejettent le plus de CO2. Réalisé par le Environmental Research Group d'une université de la capitale, King’s College London, cette étude a calculé qu'il en résulterait une augmentation des émissions de CO2 de 182 000 tonnes. Ce qui est totalement contraire au discours pseudo-écologique du maire de Londres, et de ses supporters, qui n'avaient rien trouvé de mieux que de cacher les résultats de cette étude. Maintenant qu'ils doivent aller en justice, ils n'auront plus cette possibilité... Le procès à venir s'annonce passionnant.


Rubrique(s) et mot(s)-clé : Porsche ; ecologie ; politique-transport_Europe