Carburants chers : il y a beaucoup à faire
Lun 09/06/2008 — L'Agence Internationale de l'Energie (AIE) vient de publier son rapport biannuel de perspectives. Il explique bien la dimension des changements à effectuer.
Beau document de 650 pages, ce rapport précise que si on ne fait rien, la demande de pétrole va augmenter de 70 % d'ici 2050. C'est à dire que s'il y en a qui attendent une baisse du prix des carburants auto, c'est mal parti. Les transports ne sont évidemment pas seuls sur le banc des accusés, et l'automobiliste français peut même se rassurer : il n'est pas au premier rang. En cette année 2008 en effet, les russes achèteront probablement plus de voitures neuves que les allemands. Et sur ce marché livré à lui-même, non guidé par un système bonus-malus comme nous avons la chance d'en avoir un en France, la voiture neuve moyenne vendue en Russie est beaucoup plus énergivore que celle vendue dans l'hexagone. On rappellera d'ailleurs que, sans rire, que toutes les Lada ont un malus en France. Un malus du fait de leurs fortes émissions de CO2, et le rapport de l'AIE est utile pour indiquer que pendant que la hausse de la demande de pétrole serait de 70%, celles des émissions de CO2 seraient de 130 %.
La différence s'explique par un recours croissant au charbon. On pense aux plus de 100 centrales au charbon qui sont entrées en service en Chine ces 24 derniers mois. Mais il y aussi en ce moment des centrales en construction en Europe. Par exemple en Allemagne et en Grèce, et il y a plusieurs projets pour en construire en France, notamment 2 au Havre. Ces questions seront à l'ordre du jour de la réunion du G8 à Hokkaido début juillet, pour lequel Mitsubishi et Toyota/Lexus fourniront des voitures. Des i-MIEV électriques (ci-contre) pour le premier, des Crown, Estima et Lexus LS hybrides (photo du bas) pour le second. Cette réunion de chefs d'état a été préparée ce week-end par une réunion des ministres de l'énergie à Aomori. Mais quand le rapport de l'AIE présentait une solution, les ministres ont préféré s'inquiéter des conséquences économiques de la hausse du pétrole.
Il est vrai que la solution n'est pas simple. Pour décarboniser la production d'énergie dans le monde par exemple, il faudrait, entre autres, construire 55 centrales à énergie fossile avec capture et stockage du CO2, 32 centrales nucléaires, 17 500 grandes éoliennes, 215 millions de m² de panneaux photovoltaïques, par an, tous les ans, jusqu'en 2050. Côté transport, l'AIE voit que la demande va tripler d'ici 2050. Tripler l'efficience des véhicules serait donc sans effet. L'AIE appelle à un quadruplement. C'est dire qu'une voiture qui use 8 l/100 km ne devra plus en user que 2. L'AIE propose aussi de recourir aux biocarburants de seconde génération (surtout le biodiesel), un fort développement des voitures électriques et hybrides rechargeables, avant d'effectuer un changement majeur vers des véhicules à pile à combustible alimentés par de l'hydrogène. Et de s'interroger sur la date à laquelle ces véhicules seront disponibles à tous à un coût raisonnable. Mais cela ira mieux quand on en sera là...
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