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Le Mans, la victoire du diesel dénaturé

Lun 16/06/2008   —   Pour la troisième fois de suite, une Audi à moteur diesel a triomphée des 24 Heures du Mans. Mais les qualités normales du diesel n'ont pas gagnées.
L'Audi R10 TDI gagnante, la n°2 pilotée par Ricardo Capello, Tom Kristensen et Allan McNish a parcouru 381 tours durant cette course de 24 heures. Il lui fallu pour cela s'arrêter 32 fois à son stand, où elle est restée une durée cumulée de 31 minutes 56 secondes. Donc 1408 minutes à rouler, avec une moyenne d'arrêt toutes les 44 minutes. La suivante, la Peugeot 908 Hdi-FAP n°7, aux mains de Gene M./Minassian N./Villeneuve J., qui est arrivée 4 minutes plus tard, s'était arrêtée 36 fois, avec un temps total passé à son stand de 41 minutes et 40 secondes. Ce qui lui donne une moyenne d'arrêt toutes les 39 minutes ! Une Audi A4, ou une Peugeot 407, diesel, sont très appréciables en ce qu'elles permettent à un parisien de faire son plein le matin, et d'être le soir en Italie, à San Remo, sans avoir dû ravitailler en route. Si maintenant, il faut s'arrêter toutes les 40 minutes avec un diesel...

Le diesel a la réputation d'être très sonore, ce n'était pas le cas au Mans, où les V12 d'Audi et Peugeot étaient considérablement moins bruyants que tous les autres moteurs essence en compétition. Côté émissions de polluants toxiques ensuite, le diesel a toujours une mauvaise image, mais quand ils sont équipés de FAP, et qu'ils consomment un gazole sophistiqué face à des moteurs essence non catalysés... Le diesel est le plus propre. Pour le CO2, il y a un doute, car les concurrents ne donnent pas les consommations exactes de leurs voitures. Mais il est assez possible que les diesels du Mans n'aient pas été plus vertueux que les essences concurrentes. On peut même envisager le pire, soit que les voitures diesels aient rejeté plus de CO2...

Vive le diesel ? La question est embêtante, car si la victoire est incontestable, puisque les 6 premiers à l'arrivée sont des diesels, les caractéristiques et qualités de ces autos sont en opposition avec celles des voitures diesel de série. On l'a oublié, mais le moteur diesel est un coureur de fond. Dans cette discipline, il bat le moteur essence à plate couture. Avec beaucoup d'argent, on en a fait un sprinteur, mais ni Audi ni Peugeot n'ont convaincu que c'était une bonne idée. Peut-être faudrait-il que l'un ou l'autre mette son moteur à la disposition d'écuries privées, en concurrence avec le V10 Judd qui équipait les autos des teams Pescarolo, Oreca ou Charouz. A défaut, on aura le sentiment fâcheux que ce sont les équipes qui ont le plus gros budget qui ont gagné... Alors que la raison d'être du diesel est de faire des économies en consommant moins...

Un peu plus loin dans le classement, quand l'Audi victorieuse a roulée 24 heures à la vitesse moyenne de 216 km/h, l'Aston Martin n°009 a tournée à 195 km/h, et elle a remportée sa catégorie devant les Corvette, avec qui le duel a été chaud pendant toute la durée de la course. Idem en tête de course, et c'est la meilleure nouvelle de cette édition des 24 heures, qui a offert un spectacle formidable. Comme on n'en avait pas vu depuis longtemps. Peugeot et Audi se sont succédés en tête, mais aucun n'a jamais pu distancer l'autre. Pareil avec la Corvette et l'Aston Martin. Dans les 2 catégories, la lutte a été hyper-serrée, et on félicitera Peugeot pour une performance indédite : le meilleur tour en course de la 908 était à moins d'une seconde de son temps de qualification !

Laurent J. Masson



Rubrique(s) et mot(s)-clé : Audi ; competition-manifestation