Londres : la surcharge CO2 du péage urbain annulée
Mer 09/07/2008 — Boris Johnson, le nouveau maire de Londres, enterre le projet de faire payer plus les voitures qui rejettent plus de CO2.
L'idée originelle était de réduire le traffic. C'est pour cela que le péage urbain de Londres s'appelle congestion charge. Son efficacité est assez discutable. La circulation a été réduite de moins de 10 % (en volume) dans la zone payante, et elle s'est accrue dans une plus grande proportion tout autour. Mais pas découragé, l'ancien maire de Londres, Ken Livingstone, avait proposé une réforme substantielle de son péage, en lui donnant une dimension nouvelle : écologique. Par une modulation du péage en fonction des émissions de CO2 de chaque auto. Les voitures qui en rejettent le moins, comme une Renault Twingo diesel, auraient été exemptées, et celles qui en rejettent le plus, comme un Range Rover, auraient dû payer 25 £ chaque jour (~31 €). Comme on s'y attendait, le projet avait reçu de nombreuses critiques, dont certaines, scientifiques, ont établi études à l'appui, que la mise en place de ce nouveau système n'aurait aucun effet positif.
Les gens se seraient équipés en nombre de petites voitures, et pas plus la circulation, que les émissions de CO2 n'auraient été réduites en aucune manière. Au contraite, elles auraient été accrues. L'affaire avait été portée en justice, et c'est ce que le constructeur allemand Porsche était parvenu à prouver, avec d'autant plus de force qu'il avait par la même occasion établi la mauvaise foi de l'équipe municipale, puisqu'elle savait que son projet était mauvais, qu'il aurait abouti à une hausse des rejets de CO2 à Londres. Mais l'ancien maire avait maintenu son projet malgré cela, et il avait tenté de dissimuler l'étude qui démontrait le côté néfaste de son projet. Boris Johnson, nouveau maire, conformément aux engagements faits lors de sa campagne, retire le projet purement et simplement, et évite ainsi une bataille judicaire qui n'aurait pas été à l'avantage de la capitale anglaise. Le péage urbain continue donc dans sa version initiale, au montant de 8 £ (~10 €).
Il reste qu'il aurait été possible de modifier le projet. On aurait pu restreindre l'exemption aux seules voitures zéro pollution, comme les électriques, et faire une taxe unique pour toutes les autos qui rejettent du CO2, hybrides compris. Comme cela, le projet aurait été efficace en terme de réduction des émissions de CO2, mais personne n'y a pensé ! L'efficacité en terme de réduction du traffic aurait été moindre, surtout avec l'explosion attendue de l'offre de voitures électriques, d'ici 2011/2012, mais au moins temporaire. Pour aller plus loin, trouver une vraie solution aux embouteillages permanents des grandes villes, on attend des politiciens courageux pour oser mettre sur la table la question de leur attractivité, par une trop grande densité d'emplois et de commerces. Si Paris rasait la tour Montparnasse, délocalisait ses emplois en province, et la remplaçait par un jardin, voilà qui améliorerait réellement, et durablement, les conditions de vie des habitants du quartier.
On parle au contraire de construire de nouvelles tours à Paris et à la Défense, ce qui aboutira immanquablement à augmenter les embouteillages, l'affluence dans les transports en commun, les inégalités entre Paris et la province, et à réduire la qualité de vie des parisiens.
Laurent J. Masson
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