Renault croit-il en la voiture électrique ?
Ven 11/07/2008 — Le dernier communiqué de presse du constructeur nous fait nous interroger. Partenariat au Portugal, après Shai Agassi, il faut se méfier.
L'alliance Renault-Nissan se déclare très ambitieuse vis-à-vis des véhicules électriques. La preuve, ils ont annoncé un plan qui doit les distribuer à grande échelle en Israël, puis au Danemark. Et voilà qu'ils en annoncent un nouveau, au Portugal. L'accord entre Renault-Nissan et le gouvernement portugais porte sur 3 points. 1/ L’étude, en coopération avec l’Alliance, des moyens permettant de mettre en place les conditions d’un accueil favorable des véhicules électriques de la part des consommateurs portugais. 2/ L’étude des infrastructures et des organisations connexes nécessaires à la création d’un réseau national de stations de recharge des véhicules électriques. 3/ Le recensement des modalités de communication et d’éducation les plus à même de sensibiliser le public sur les véhicules électriques. Tout cela dans le but de promouvoir à l’échelle du pays un système de transport et de déplacement à zéro émission. Pourquoi ce cirque ? Et bien sûr, pourquoi pas en France, parce qu'il est énervant d'apprendre qu'une entreprise française va vendre des voitures zéro pollution à l'étranger, pendant que nous français n'y auront pas droit. Mais la méthode d'abord.
Quand Toyota a lancé la Prius, l'importateur avait établi des contacts avec des comités d'entreprises, pour inciter des professionnels à venir essayer la technologie. Pour le lancement tout récent de la nouvelle Seat Ibiza, on a vu beaucoup d'encarts publicitaires dans les journaux gratuits de petites annonces, invitant les gens à se rendre chez leur concesionnaire pour la découvrir. Et les constructeurs sont aussi de bons clients pour les imprimeurs. On trouve régulièrement dans sa boite aux lettres des prospectus. Dans les supermarchés aussi, où on croise de temps à autre un nouveau modèle exposé à l'entrée. Ce sont les méthodes classiques de lancement d'une nouvelle voiture. Elles ont fait leurs preuves, elles marchent. Mais personne n'envisage de les utiliser pour commercialiser une voiture électrique. Et pas Renault en tout cas. Quelques-uns se souviennent peut-être que Renault avait fabriqué des Kangoo électriques, nous ne croyons pas qu'il y ait jamais eu dans une seule concession du losange, des modèles à essayer en toute simplicité, comme on peut le faire avec une Clio diesel.
Nous sommes obligés de constater que si Renault croit en la voiture électrique, il ne croit pas pour autant qu'elle puisse se vendre par les méthodes traditionnelles. D'où des accords avec des gouvernements, ou avec Shai Agassi, et son Project Better Place, un intermédiaire inutile puisqu'il ne produit pas d'électricité. Alors qu'aux dernières nouvelles, une majorité de français dispose de l'électricité à leur domicile. Il y a aussi un nombre important de français qui possèdent un garage. Nous n'avons pas de statistiques quant au nombre de français qui ont un garage avec une prise d'électricité à l'intérieur, mais quel est le nombre de français qui ont besoin d'un véhicule tout-terrain ? La France est-elle un pays de sauvages habitant dans la brousse, pour qu'il s'y vende des douzaines de milliers de gros 4x4 par an, sans qu'aucun constructeur n'y propose la moindre auto électrique ?
L'essence n'a jamais été aussi chère, et il y a un bonus de 5000 € pour acheter une voiture électrique. Cet accord avec le Portugal va dans le bon sens, mais dans les conditions actuelles on ne peut plus favorables, et vu les moyens industriels et de distribution du 4ème constructeur automobile du monde, il serait opportun de faire plus. Les promesses ne sauveront pas la planète. Quand un français pourra t'il se rendre dans une concession Renault, y voir, essayer et acheter une voiture électrique ?
Laurent J. Masson
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Renault ; voiture-electrique