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L'Allemagne tue calmement le biodiesel

Ven 24/10/2008   —   Il y a quelque chose de cassé dans la politique écologique du pays de Goethe.
L'Allemagne possède aujourd'hui des capacités de production de plus de 4 millions de tonnes de biodiesel, mais c'est tranquille dans les usines qui le produisent. Elles tournent à moins de 50 % de leurs capacités. Et cela ne va pas s'arranger, puisque le gouvernement vient de réviser à la baisse les objectifs d'incorporation de biocarburants dans les carburants pétroliers pour l'année prochaine. L'objectif était de 6,25 % pour 2009, il est maintenu pour 2010, mais réduit à 5,25 % pour l'année prochaine. Et comme si cela ne suffisait pas pour ruiner la rentabilité de la filière, qui avait largement investi pour répondre rapidement à des objectifs ambitieux, la taxe applicable aux biocarburants vendus purs, huile végétale brute (HVB) et biodiesel, sera portée de 15 à 18 centimes au 1er janvier 2009. Actuellement, cela aurait pu être pire, puisque le gouvernement avait précedemment annoncé une hausse de 6 centimes. Il faudrait donc se réjouir, la taxe au litre ne sera que de 18 centimes, elle aurait pu être de 21 centimes ! Mais le plus grave est probablement que le gouvernement allemand ne fait rien pour bloquer, ou seulement freiner, les importations de biodiesel étranger.

La filière allemande produit essentiellement à partir de colza, le bilan environnemental est convenable. Mais ce n'est pas du tout le cas du biodiesel importé des Etats-Unis, qui est fabriqué à partir de soja transgénique (!), avec des subventions du gouvernement américain qui le rendent extremement compétitifs à l'importation. On importe aussi en Europe du Nord de l'huile de palme, ce n'est pas cher, mais là aussi, les effets sur l'environnement sont bien pires que la culture du colza en Allemagne... Le pire du pire étant que si la politique est de faire stagner, voire réduire la part des biocarburants, elle va probablement aboutir à une augmentation de la consommation des énergies fossiles, et des émissions de CO2... On peut souhaiter réduire les quantités d'engrais chimiques employés par l'agriculture (voilà une bonne idée !), mais freiner l'expansion d'une industrie locale qui a un avantage écologique prouvé (voir le site de l'UFOP) et réduit la dépendance énergétique du pays vis-à-vis de l'étranger, c'est une drôle de politique que tient le gouvernement allemand...

Laurent J. Masson



Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; biocarburant