Ils n'ont rien trouvé d'autre que la relance de la casse
Ven 05/12/2008 — Le président Sarkozy a présenté ce qu'il appelle un plan de relance de l'industrie automobile.
Nous avions annoncé le retour de la prime à la casse la semaine dernière avec le souhait d'une réforme plus audacieuse, nos espoirs, et ceux de tous les réformistes, sont enterrés. Le plan de relance se limite quasiment à une mauvaise réponse à la question suivante : à quel âge faut-il changer sa voiture ? La question fait débat entre les constructeurs qui voudraient raccourcir le délai, et les français qui en ce moment voient bien l'avantage de la faire durer une année de plus, en évitant de se mettre un crédit sur le dos. Un homme qui a acheté une Renault Megane 2 en 2003/2004 pourrait ainsi la changer contre une Megane 3 en 2009, mais M. Sarkozy n'a absolument rien annoncé pour inciter cette personne à franchir le pas. La prime à la casse ? Bien sûr qu'elle aura une certaine efficacité, mais les voitures de 5/6 ans valent plus que 1000 euros. On ne sait d'ailleurs si cette nouvelle prime à la casse sera limitée aux seules voitures de plus de 10 ans, M. Sarkozy ne l'a pas précisé. C'était le cas de la première, dûe à M. Balladur en 1994, alors que la seconde, dûe à M. Juppé en 1995, était recevable pour les autos qui n'avaient que 8 ans.
Mais dans tous les cas, la prime à la casse ne va pas beaucoup augmenter les bénéfices des constructeurs automobiles, puisqu'on sait que ce ne sont pas avec les petites voitures qu'ils font leurs profits, mais avec les gros modèles, dont les ventes sont déjà très significativement en baisse avec le bonus-malus. La prime à la casse ne va pas renverser la vapeur. Parce que si 1000 € sont importants pour l'achat d'une Clio ou 207, ils sont beaucoup moins incitatifs sur une Citroën C5, une Peugeot 407 ou une Renault Laguna. Des autos dont on n'oubliera pas de rappeller qu'elles sont fabriquées en France. Comme le sont de même les Citroën C4, les Peugeot 308 ou les Renault Megane, et les ténors du marché comme les Clio et 207. Mais si les petites voitures ne sont pas chères, c'est souvent du fait d'une production dans des pays où les salaires sont moins élevés qu'en France. La Renault Twingo est importée de Slovenie, la Modus d'Espagne, la Citroën C1, la Peugeot 107 et la Toyota Aygo de Slovaquie, les petites Fiat de Pologne, la Suzuki Alto d'Inde... Notons tout de même une nouveauté, qui est que la prime à la casse proposée par M. Sarkozy sera pour les voitures particulières (VP), et également pour les véhicules utilitaires légers (VUL), à condition comme les VP, qu'ils rejettent moins de 160 g/km de CO2. Les Citroën Nemo et Peugeot Bipper importés de Turquie y auront donc droit, mais pas les Citroën Jumpy et Jumper, ni les Peugeot Expert ou Boxer qui sont fabriqués à Valenciennes.
Quand M. Sarkozy insiste tant sur l'importance de l'industrie automobile qui représente directement et indirectement 10 % de l'emploi en France, il est étrange que son plan ne soit pas plus ciblé sur les productions des usines françaises. Les constructeurs français seront cependant aidés de manière directe par un soutien financier (prêt d'un milliard d'euros) à leurs filiales qui proposent des solutions de crédit, et il y aura un fonds de restructuration pour les équipementiers. Mais à côté d'une hypothétique baisse fiscale de la TVA sur les voitures les plus propres, pour laquelle il sera impossible d'obtenir l'accord unanime de nos partenaires européens, on attend toujours le déclic qui pourrait vraiment relancer l'industrie automobile en France. Pourquoi ne pas réduire la folie administrative, et la bureaucratie galopante par la suppression du permis à points ? La voiture, symbole et moyen de liberté, d'autant plus indispensable que les conditions de vie vont encore se dégrader dans les villes, avec l'annonce dans ce même plan de relance, que les coefficients de densité pour les permis de construire pourront être accrus de 20 %. Et 4 nouvelles lignes de TGV seront construites simultanément ! Des villes à l'urbanisme de plus en plus en dense, reliées entre elles par des TGV bondés qui fonctionnent à l'énergie nucléaire. Quelle place pour la voiture individuelle ? Celle du ballon d'oxygène, parce qu'elle permettra de s'échapper de tout cela pour aller à la campagne, dans les beaux villages de France où il n'y a pas de gare, et où on n'en veut pas !
Laurent J. Masson
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