L'échec des voiturettes électriques
Sam 06/12/2008 — Même si on s'y attendait, ceci n'est pas une bonne nouvelle.
Aucune voiture électrique n'étant actuellement disponible au grand public, les amateurs de zéro pollution pourraient se tourner vers les voiturettes, ce n'est pas le cas. La nouvelle est venue d'Angleterre, et la situation est quasi identique en France. Il suffit de voir que Matra commercialise la GEM depuis plusieurs années dans l'hexagone, mais qu'il a bien peu de clients particuliers. La différence de l'Angleterre est dans le péage urbain de Londres, dont les voitures et voiturettes électriques sont exemptées. Voilà alors un marché potentiellement formidable, où les marchands de véhicules électriques devraient prospérer, mais... C'est tout le contraire. La société GoinGreen qui distribue sous le nom de G-Wiz, une version améliorée de la petite Reva indienne a vu récemment ses ventes se réduire significativement, et c'est pire pour la Nice Car Company (NCC), qui est désormais en redressement judiciaire. D'après le site Clean Green Cars qui a révélé l'affaire, il ne se vend au Royaune-Uni que 10 voitures (ou voiturettes) électriques par mois. Dans tout le pays ! C'est 58 % de moins que l'année dernière, et c'est clairement très insuffisant pour faire vivre plusieurs distributeurs. Les soucis de la NCC sont particulièrement ennuyeux. MoteurNature avait consacré un article aux 2 nouveaux modèles qu'elle avait présenté au dernier salon de Londres, et son best-seller est une voiturette française : l'Aixam Mega, nous l'avions vu au salon de Paris il y a 2 mois. Son échec est dramatique, parce que l'Aixam Mega électrique est assurément la meilleure de toutes les voiturettes électriques disponibles.
Mais en dépit des efforts de NCC, qui avait un beau stand au dernier salon de Londres (nos photos), les clients ne répondent pas présents. Performances trop limitées (la plupart des voiturettes sont limitées à 45 km/h), autonomie ultra-réduite (bien inférieure aux 80/100 km vantés pas les vendeurs), et comme si cela ne suffisait pas pour faire fuir les acheteurs, les voiturettes souffrent aussi souvent d'une esthétique catastrophique. La GEM, la Reva, la Startlab, la MyCAR ou la Ze-0 ne font pas rêver les automobilistes. La plupart des gens ne voudraient même pas monter dans une, et il suffit de voir que la majorité des clients n'ont pas acheté de manière libre : c'est le défaut de permis qui a dicté leur choix (ou les facilités de parking et de circulation). Le segment avait été renouvelé avec Venturi lorsqu'il avait présenté l'Eclectic, enfin une voiturette (officiellement un quadricycle lourd) qui a de l'allure, puis par Little avec sa mini-réplique de Testarossa, mais tous ces véhicules sont très nettement plus chers qu'une Renault Twingo essence de base... Avec 4 vraies places, un coffre, la garantie d'un grand constructeur, des performances et une autonomie sans comparaison possible avec les voiturettes électriques. L'échec des voiturettes électriques n'est donc pas celui de la propulsion électrique, mais celui des véhicules électriques qui offrent beaucoup moins que l'essence pour plus cher. Une voiture électrique sera toujours plus chère qu'une voiture essence, et elle aura toujours moins d'autonomie. Cela lui fait 2 gros handicaps, c'est la condamner que lui en donner un troisième.Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; voiturette-VSP