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Retrouver une vieille Bugatti, un plaisir impossible demain

Lun 05/01/2009   —   Moment d'émotion, quand les héritiers découvrent avec surprise une automobile exceptionnelle.

Cela arrive dans toutes les familles. Le membre le plus ancien décède, et ses descendants font l'inventaire de ses biens. Mais ce qui n'arrive pas dans toutes les familles, est de trouver dans le garage une voiture vieille de 72 ans ! La voiture n'a pas roulée depuis plus de 40 ans, mais sous la poussière elle semble impeccable, et on ne peut qu'être impressionné par l'élégance de ses lignes. Il est évident que ce n'est pas une auto ordinaire. Un expert est demandé pour en savoir plus. Il confirme l'originalité inouïe de l'auto, chassis n° 57502, il s'agit d'une Bugatti 57 S Atalante. Soit l'une des autos les plus rares et exceptionnelles qu'on ait jamais faites. Pour beaucoup de collectionneurs, elle n'est rien de moins que l'auto la plus désirable au monde. Et celle-ci est totalement authentique, toute son historique est documentée. Ce qui fait qu'elle vaut une fortune. Les héritiers ont décidé de la vendre, cela se fera aux enchères à l'occasion du salon Rétromobile, à Paris le mois prochain. L'occasion est assez unique, car une vente de Bugatti Atalante est un évènement qui survient moins d'une fois par an. Mais si vous n'êtes pas multi-millionnaire, il est inutile de chercher à participer à la vente. Rien que voir l'auto est déjà un privilège qui se paye. En trouver une par surprise est si exceptionnel que le fait a été signalé par la BBC, mais à côté de cela, on peut s'interroger si dans 72 ans, nos descendants auraient la même joie de retrouver une Bugatti de 2009 ?

Le pétrole sera une denrée rare en 2081. Et si les pompes à essence existent encore, il est plus que probable que l'essence qu'elles distribuent soit d'une composition très différente de celle connue aujourd'hui. Qui saura ensuite remettre en route un pareil engin ? Les voitures jusqu'au années 1980 ont une grande vertu, celle d'être entièrement mécaniques. C'est-à-dire démontables avec des outils à main, et réparables. Alors que les voitures d'aujourd'hui sont bourrées d'électronique, avec une proportion de matières plastiques toujours en augmentation. Ni l'un ni l'autre ne vieillissent bien, et ils ne se réparent pas mieux. Dans tous les cas, quasiment plus personne déjà ne cherche à les réparer. On enlève la pièce défectueuse, et on la remplace par une pièce visuellement identique en tout point, sans avoir besoin de comprendre son fonctionnement. Les mécaniciens de demain connaitront encore moins nos voitures d'aujourd'hui, et alors qu'il est possible de refaire une pièce métallique, nous doutons qu'il soit possible demain de refaire un élément électronique d'aujourd'hui. Sans négliger la question des batteries. Toutes les autos sont appellées à stocker une quantité d'électricité qui ne fera que s'accroître, mais la batterie qui offrira une durabilité équivalente à un moteur à combustion est encore à inventer.

Avec de plus une législation toujours plus restrictive, il est possible que la liberté d'acquérir et de posséder cette Bugatti aujourd'hui ne soit plus possible demain. Parce que le système économique poussera au renouvellement de tous les biens matériels après une courte durée de vie, et que l'arsenal législatif règlementera avec sévérité la propriété d'un engin polluant et toxique. Cette Bugatti n'en est que plus désirable aujourd'hui...

Illustrations : Bonhams (la société qui va vendre l'auto aux enchères).


Rubrique(s) et mot(s)-clé : autres-marques-artisans ; essence-diesel