Qatar : des nouvelles du projet GTL
Ven 27/02/2009 — Oui, Shell va produire des carburants liquides à partir de gaz naturel. Beaucoup.
Le projet de construction d'une usine GTL (gas-to-liquids) par Shell, au Qatar, fait parler de lui depuis plusieurs années. On commençait à s'interroger sur d'éventuels retards, mais ce serait méconnaitre la dimension exceptionnelle du projet, que Shell vient opportunément de rappeller. Le proverbe nous dit que Paris ne s'est pas fait en un jour, la surface de la future usine GTL de Shell est le double de celle de la ville de Paris. Son nom est Pearl GTL, elle sera alimentée par le plus grand gisement de gaz du monde, qui est sous-marin, à quelques 60 kilomètres de la côte. Un gazoduc se charge d'acheminer le gaz du puits à l'usine. Le premier travail de l'usine sera de purifier le gaz naturel, pour ne conserver que du méthane, c'est là que la conversion en carburant liquide va pouvoir commencer. Il faut pour cela de l'oxygène, Shell a donc construit la plus grande unité de production d'oxygène du monde. Avec 8 séparateurs de la taille d'un immeuble de 20 étages, sa capacité sera de 28 800 tonnes d'oxygène par jour. Partant de l'air ambiant, cette usine le comprimera, puis le refroidira à -180°, tepérature à laquelle l'oxygène se sépare de l'azote. Shell pourra ensuite mélanger cet oxygène au méthane dans un réacteur à 1300°, il y en a 24, et chacun pèse 1200 tonnes.
On appliquera ensuite au gaz obtenu le procédé Fischer-Tropsch avec des catalyseurs dont Shell a le secret, pour aboutir à différents produits, par exemple du gazole. Le premier avantage est que ce gazole a une combustion nettement plus propre que le gazole pétrolier courant. Le second est que l'immense gisement du Qatar est tout récent, Shell a plusieurs dizaines d'années d'exploitation devant lui. C'est pour cela qu'il n'hésite pas à investir des sommes colossalles. Il y a aujourd'hui plus de 40 000 personnes qui travaillent à ériger l'usine, brancher 12 200 km de câbles, tout devant être d'une qualité formidable. Nous pensons notamment aux aciers qui composeront les réacteurs devant supporter une température de 1300°. Les perspectives de rentabilité sur le long terme sont néanmoins bonnes. On sera content dans 40 ans de pouvoir acheter du gazole propre GTL du Qatar. Mais quel dommage que les sommes formidables qui permettent la construction de cette immense usine ne soient pas plutôt consacrées à développer les énergies renouvelables.
Crédit photos : Shell.
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