Heuliez : le discours du président à l'épreuve
Mar 24/03/2009 — Le constructeur contractuel devrait se relancer avec l'électrique, mais la partie n'est pas encore gagnée.
Construire à la commande les petites séries dont les grands constructeurs ne voulaient pas s'occuper est une activité industrielle qui a vécue. Bertone le faisait, il ne le fait plus (seul le bureau de style subsiste), et Pininfarina va faire de même en 2011. Heuliez produit encore l'Opel Tigra jusqu'en juillet, mais c'est fini après, et il n'y a aucune suite à attendre de la part de GM. Ce n'est heureusement pas sa seule activité. Il est aussi équipementier, et Heuliez emboutit de nombreuses pièces pour plusieurs constructeurs. Mais c'est l'activité production de véhicules qui est, ou était, la plus importante, la plus essentielle. Le plan est de la relancer avec des véhicules électriques. Une petite auto sympathique a été présentée, la Friendly (photos), et il y avait un repreneur indien pour financer l'industrialisation du projet. Des indiens qui étaient plusieurs sur le stand Heuliez au dernier salon de Paris en octobre, mais il n'y en avait plus un seul à Genève au début de ce mois.
Il va donc falloir se débrouiller entre français, et l'affaire devient même de plus en plus française puisque les politiques s'en mêlent. Sous-traitant, le nom d'Heuliez n'était pas trop connu des non-professionnels, le voici en première page. Le débat est sur l'opportunité d'accorder à Heuliez le soutien du Fonds stratégique d’investissement (FSI). Nous ne savons pas trop si Heuliez rentre dans le cadre des objectifs du FSI, on peut en débattre, et ce sera d'autant plus facile que Gilles Michel, son directeur connait déjà Heuliez, mais nous nous rappellons bien du discours de M. Sarkozy sur la voiture décarbonée. Prononcé à l'automne dernier, le président y vantait la position de la France vers la voiture électrique, grâce à son électricité sans CO2. La France devait devenir la championne de la voiture électrique !
On veut bien, mais... Nous savons que ce ne sera pas avec Renault, puisque la marque au losange vendra ses futures voitures électriques en Israël avant de les proposer sur le marché français. Ce ne sera pas non plus avec Peugeot, qui n'a pas su faire mieux que s'associer avec Mitsubishi, pour vendre dans l'hexagone des japonaises rebadgées. Bolloré alors, mais les Bluecar seront fabriquées chez Pininfarina à Turin... Alors si on veut vraiment des voitures électriques françaises, il n'y a pour le futur prévisible aucun autre possible qu'aider Heuliez à lancer sa Friendly. Sans le soutien des indiens, et face au besoin d'investir pour finaliser le développement de la Friendly, il faut de l'argent très rapidement.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé :
Mia-Electrique ; voiture-electrique ; politique-transport_France