Le Cemagref propose de robotiser l'agriculture
Sam 11/04/2009 — Et si les paysans devenaient les pionniers de la mobilité automobile sans conducteur ?
Le métier de journaliste demande parfois de prendre des risques. C'est ainsi que je me trouve face à un véhicule qui avance droit vers moi, et que je compte sur la réactivité du conducteur pour s'arrêter plutôt que me renverser. Le risque est qu'il n'y a pas de conducteur dans cet engin. Je suis toujours là pour témoigner que le véhicule s'est arrêté, même si j'aurais apprécié qu'il s'arrête à un demi-mètre plutôt qu'à peine à quelques centimètres. Ce véhicule était la version des villes de l'engin des champs dont on voit ici les photos, et qui me semble beaucoup plus immédiatement prometteur. Il existe déjà des métros automatiques, sans conducteur, et la technologie permettrait presque d'introduire des véhicules qui s'auto-conduisent dans les hyper centres urbains, s'il n'y avait d'immenses obstacles légaux et psychologiques. On pourrait par contre, chercher à utiliser la technologie du véhicule autonome dans un engin professionnel, qui roulerait hors des voies publiques. C'est ce qu'a fait le Cemagref, dans son établissement de Clermont-Ferrand, sur la base d'un véhicule fourni par Robosoft, de Biarritz. Nous avons découvert cet engin dans le cadre de la convention Satcar de Clermont-Ferrand.
Nous reconnaissons de suite des moteur-roues électriques, et des batteries au plomb au centre. Il y a après des éléments qui nous sont moins familiers, comme ce télémètre laser (ci-contre), surplombé d'une caméra avec au-dessus une antenne GPS. Derrière, de gros boitiers métalliques d'où s'échappent de nombreux câbles. On les suppose remplis d'électronique, et nous devons nous en faire expliquer le fonctionnement. L'idée est de développer un engin qui serait capable de semer (ou de mettre des engrais) avec une très grande précision, et de manière autonome. On ne peut donc être contre par principe. Ce n'est pas comme les OGM qui corrompent la nature par l'introduction de produits qui n'y sont pas originellement. Il s'agit ici de faciliter le travail de l'agriculteur. Et aussi un peu de faire des économies, parce que l'engin est capable de suivre des trajectoires absolument parallèles, et qu'il a une précision de 5 cm. Il est donc possible de mettre exactement les bonnes doses de produit, et pas plus, au bon endroit, avec une précision supérieure à celle d'un gros tracteur. L'engin est doué de la faculté de contourner un obstacle, et il est sûr puisqu'il contrôle en permanence qu'une zone d'arrêt d'urgence devant lui est libre. Le projet est cependant encore au stade de la recherche, le Cemagref n'est d'ailleurs pas un acteur industriel, mais il a ouvert ici une piste qui mérite grandement l'intérêt.
Laurent J. Masson
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hors-constructeur ; technologie