Le diesel ne marche toujours pas au Japon
Lun 01/02/2010 — 99 % des voitures particulières vendues en 2009 roulaient à l'essence.
Le diesel a son royaume, mais ce n'est pas la France, ce sont les Etats-Unis. Parce que pour rouler sur des grandes routes toutes droites à allure constante et modérée (110/120 km/h), rien n'est plus efficient qu'un moteur diesel. Les américains commencent à s'en rendre compte. Après que la Volkswagen Jetta TDI ait obtenu le prix Green car of the year en 2009, c'est l'Audi A3 TDI qui l'a eu cette année. Tout cela se traduit par des ventes en forte hausse, et si nous reprenons l'exemple de l'Audi A3 aux Etats Unis, la part du diesel pour ce modèle en 2009 a été de 53 %. Les perspectives pour l'avenir sont excellentes, et BMW, qui ne vend aujourd'hui que des 6 cylindres diesel aux Etats-Unis, va bientôt y proposer aussi des 4 cylindres. Les constructeurs américains par contre, sont très en retard sur le diesel, on sait même qu'en 2008/2009, ils avaient gelé leurs investissements. La reprise économique devrait les remettre sur la table, on ne sait s'il en sera de même du côté des japonais. Honda, Mazda et Nissan, en 2007/2008, avaient annoncé des projets de vendre des voitures diesels au Japon, à l'horizon 2010. Mais la crise financière est passée par là, nous ne voyons rien venir... Idem côté hybrides (sauf chez Honda), les investissements ont été gelés.L'automobiliste européen ne l'imagine probablement pas, mais si le diesel existe au Japon sur quelques gros véhicules, comme le Mitsubishi Pajero, il n'existe pas sur les Honda Civic et Toyota Corolla qui sont le cœur du marché. Ce n'est absolument pas pour des raisons liées à la pollution, mais plutôt pour des raisons marketing, auquel nous pouvons ajouter des raisons physiques.
Toutes les voitures vendues au Japon sont bridées, et les limitations de vitesse sont extremement basses. Le plus souvent 40 km/h en ville, 60 km/h sur la route et 100 km/h sur l'autoroute. Une majorité d'automobilistes ne les respecte pas, mais dans l'inhumaine mégalopole de Tokyo, avec ses dizaines de kilomètres de voies superposées, il y a peu de marge de liberté entre les rues minuscules et les multivoies totalement embouteillées à toute heure du jour, et une bonne partie de la nuit. Les déplacements en voiture sont difficiles, et d'autant plus limités qu'il est plus facile de gagner le tiercé que de trouver une place pour se garer. La vie de l'automobiliste japonais n'est pas drôle. Alors ils roulent peu. D'après les statistiques du contrôle technique nippon, le kilométrage annuel moyen n'est que de 9000 km. 750 km par mois (!), et presqu'uniquement en zone urbaine. Dans de telles conditions, la question diesel ou essence ne se pose pas comme en Europe, et l'intérêt du diesel est difficile à justifier. Signalons aussi la fiscalité qui a créé la niche des voitures-kei, ces petites autos qui ne font que 1,48 m de largeur, et qui ont besoin d'un moteur le plus compact possible. Ceci n'est pas non plus à l'avantage du diesel, dont le bloc est toujours plus gros et plus lourd qu'un essence.
Alors oui, le diesel ne marche pas au Japon, parce que les conditions ne lui sont pas favorables. Le Japon est le paradis de l'essence, et même les taxis, qui étaient tous au GPL, y reviennent petit à petit. Mais cela n'a finalement qu'une importance mineure. On préfère remarquer que le Japon est le leader mondial de la voiture hybride, et qu'il est très bien placé pour dominer le marché des voitures électriques, ou à hydrogène, de demain.
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