Tesla Motors bientôt en bourse
Mer 03/02/2010 — L'incroyable aventure ne se poursuivra que grâce à la spéculation. Informations exclusives.
Le constructeur californien Tesla Motors vient d'entamer les démarches pour entrer en bourse (détails). On s'y attendait, c'est dans le développement normal d'une entreprise que d'y venir. Mais le timing surprend, puisqu'il survient juste quelques jours après que le constructeur ait reçu beaucoup d'argent : 465 millions de dollars prêtés par le gouvernement. Tesla Motors dispose ainsi des moyens de développer sa future berline Modèle S. S'il lui faut plus d'argent, c'est pour autre chose, par exemple pour acquérir les batîments de sa future usine plutôt que les louer. Mais c'est plus vraisemblablement parce que les investisseurs de départ ne veulent plus attendre. Rappellons que Tesla Motors a démarré en 2003 grâce à l'argent de plusieurs sociétés de capital-risque.Ce sont par ordre alphabétique :
Double Bottom Line Venture Capital
Draper Fisher Jurvetson
Technology Partners
Valor Equity Partners
VantagePoint Venture Partners
Ces gens savent compter, et ils savent qu'en sus du prêt du gouvernement américain, Tesla Motors avait au 30 septembre 2009, un déficit accumulé de 236 millions de dollars. Cela fait donc plus de 700 millions de dollars de dettes. L'endettement est plus de 10 fois supérieur au chiffres d'affaires annuel. Ce n'est pas dramatique en soi pour une entreprise en croissance, mais on comprend que si Tesla veut devenir une entreprise rentable, il va falloir vendre des voitures. Pas quelques centaines par an comme aujourd'hui, mais des dizaines de milliers. C'est justement le plan, mais c'est mal parti pour cela, puisque Lotus, à qui Tesla sous-traite la production de son roadster, a prévu de reconfigurer son usine, et que cela entrainera l'arrêt de la production du roadster en 2011. Ce qui semble normal, considérant que le modèle avait été présenté initialement en 2006. Ce sera l'heure de le renouveler. Mais il va y avoir un décalage fâcheux, du fait que le prochain modèle, la berline modèle S, ne sera pas entrée en production à cette date. Il n'y a encore que des prototypes de cette nouvelle voiture, et l'usine qui doit la produire n'existe pas non plus.Rien que mettre ce lieu de production sur pied en 2 ans est déjà un challenge formidable, considérant que Tesla Motors n'a aucune expérience en la matière. Nous ne serions pas surpris que Tesla mette plus de 2 ans pour finaliser le développement de l'auto, ainsi que de son outil de production. Ce qui signifierait qu'en 2012, ou seulement au début de 2012, Tesla ne vendra rien, et n'aura aucun revenu. Alors que dans le même temps, les intérêts des 700 millions de dollars de dettes vont courir, et qu'il faudra malgré tout faire tourner la boutique pour compléter le développement de ce modèle S... Plus grave, Tesla qui est aujourd'hui quasiment seul sur le marché de l'électrique, devra à cette date affronter la concurrence de Nissan, de Mitsubishi, d'Audi et d'autres constructeurs établis, qui auront ajouté des électriques à leur catalogue.
Autrement dit, la situation va se corser. Et si le constructeur peut aussi tenter de vendre des moteurs électriques, comme il a d'ailleurs déjà essayé, celui ne lui a encore rien rapporté à ce jour. La fourniture de packs de batteries à Daimler pour une première série de Smart électriques ne va pas non plus lui rapporter grand chose. Dans ces conditions, personne ne peut prédire quand Tesla Motors parviendra à un ratio endettement/chiffres d'affaires normal, et encore moins quand la société deviendra rentable... C'est donc là que Tesla a besoin de la bourse, avec une entrée sur le marché en grandes pompes, en attirant tous les fonds spéculatifs, pendant que les sociétés de capital-risque citées plus haut pourront retirer discrètement leurs billes... On espère pourtant que Tesla réussira, parce qu'ils ont été, et qu'ils sont toujours, un fabuleux excitant pour faire éclore la mobilité électrique. Le groupe propulseur du roadster est le meilleur moteur électrique du monde !Rubrique(s) et mot(s)-clé : Tesla ; industrie-production