Heuliez : tous les français vont payer
Lun 24/05/2010 — Deux hommes à abattre : Emilio Galluccio, PDG, et Jean-Emmanuel Vallade, représentant du personnel.
Les habitants de la région Poitou-Charentes ont déjà payé, puisque la présidente de cette région a eu la bonne idée d'investir 5 millions d'euros dans l'entreprise en difficulté. Comme ce n'était pas suffisant, pour la seconde fois en 13 mois (!), Heuliez s'est déclaré le 18 mai en état de cessation de paiement. Le tribunal de Niort a validé sa mise en redressement judiciaire, procédure qui va déclencher les AGS (assurance garantie sur les salaires), qui sont financées par l'UNEDIC, donc par tous les salariés. Les salaires des employés d'Heuliez seront payés par les français. Voilà le système politico-économique au pays de Pascal et de Descartes. Une entreprise perd de l'argent depuis des années, en toute logique, elle devrait se restructurer ou disparaitre, à l'exemple de Karmann en Allemagne ou de Bertone en Italie, mais en France, la solidarité nationale lui permet de continuer à perdre de l'argent. C'est digne de l'union soviétique !Ceci est le résultat de l'acharnement de la direction d'Heuliez, et des syndicats, avec le soutien de politiciens démagogues, pour maintenir Heuliez dans sa forme actuelle, qu'importe que l'expérience ait montré qu'elle ne soit pas viable. Le but avoué est de donner du temps pour permettre de trouver un repreneur global fiable. Alors qu'aucun n'a été trouvé après plus de 2 ans de recherches partout dans le monde ! Déjà, quand on dit repreneur, le terme est faux. On parle d'Heuliez comme d'un constructeur de voitures électriques qui a besoin d'être renfloué, mais Heuliez n'a jamais vendu une seule voiture électrique ! Il n'y a pas continuation d'une activité qui a naguère montré sa rentabilité, mais création d'activité, avec tous les risques afférents. Le tribunal de Niort reviendra sur le cas d'Heuliez à la mi-juillet, on espère qu'il prononcera la liquidation, désormais la seule solution pour que le projet de la petite voiture électrique d'Heuliez se matérialise. La liquidation pour remettre les compteurs à zéro, probablement en allant jusqu'à abandonner le nom de l'entreprise pour la future petite électrique.
En refusant tout changement, Emilio Galluccio et Jean-Emmanuel Vallade et leurs acolytes ont une lourde responsabilité : ils ont détruit l'image d'Heuliez. Heuliez est une entreprise qui ne paye pas ses fournisseurs, et qui a été 2 fois en cessation de paiement en un an. Mais qui va acheter la voiture d'un constructeur pareil ? Heuliez a pourtant besoin de vendre plus de 50 000 voitures, pour que son projet soit rentable. Et qui va la vendre, puisqu'Heuliez n'a aucun distributeur ? Quand un grand constructeur sérieux et prometteur comme Kia recherche des investisseurs, pour ouvrir de nouvelles concessions, qui va financer l'ouverture de points de vente Heuliez ? Depuis plus de 18 mois, Heuliez est synonyme de Bérézina ! L'argent des AGS est de l'argent foutu en l'air. Heuliez est comme un malade atteint de gangrène qui refuse d'aller chez le médecin, pour ne pas qu'on lui coupe la jambe. Mais plus on attend, plus il faudra couper...
Laurent J. Masson
Illustration : une Opel Tigra, dernière voiture produite par Heuliez.
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Mia-Electrique ; industrie-production