Un ingénieur russe a fait trembler Toyota
Lun 26/07/2010 — Alex Severinsky a 65 ans, père de l'hybride, il va avoir une retraite très confortable.
Un ingénieur bulgare, Roumen Antonov, avait déjà estimé que les hybrides de Toyota utilisaient une technologie qu'il avait breveté. Il avait porté plainte en Allemagne, où la justice ne fit malheureusement pas grand cas de son brevet. L'affaire se termina avec un non-lieu. La justice américaine est allée beaucoup plus loin. L'ingénieur d'origine russe Alex Severinsky, avait créé la société PAICE (Power Assisted Internal Combustion Engines) en 1992. Il obtint en 1994 un brevet 5.343.970 pour une technologie qu'il appela Hyperdrive, une méthode de transmission de puissance d'un moteur électrique, ou d'un moteur à combustion, ou des deux simultanément. Considérant que la Prius, et toutes les Toyota et Lexus hybrides utilisaient la même technologie, M. Severinsky a porté plainte contre Toyota. C'était au Texas en 2004, et Toyota y fut reconnu coupable en 2005.La suite est plusieurs années de procédure, et l'épuisement de toutes les formes d'appels possibles. Au début de ce mois, Toyota est dos au mur. On vise la catastrophe, avec la possibilité que la justice américaine interdise la vente de toutes les voitures hybrides utilisant la technologie brevetée par PAICE. Cette possibilité est prise tellement au sérieux par Toyota, que le sénateur de l'état du Kentucky, Mitch McConnell, où est produite la Camry hybride, écrit à la cour pour l'informer que bloquer la vente de ces voitures pourrait entrainer des pertes d'emploi dans sa circonscription. Alors finalement, les choses bougent. D'abord avec Ford, dont les hybrides utilisent une technologie similaire à celle de Toyota, et qui annonce qu'il a conclu un accord avec PAICE. C'est au tour de Toyota la semaine suivante. Tout est confidentiel, mais les plaintes sont retirées, et l'action en justice s'éteint.
Avant qu'il ne fasse appel, Toyota avait été condamné à payer une somme de 98 dollars, par voiture hybride vendue aux Etats-Unis. Ce qui fait une très jolie somme... Mais le constructeur japonais a tout le temps maintenu qu'il n'avait jamais mal agi intentionnellement, et c'est très vraisemblablement le cas. Il est simplement logique que lorsque des personnes différentes travaillent à un même problème, elles aboutissent aux mêmes solutions. Pour éviter que de telles situations se reproduisent, Toyota a déposé plus de 4000 brevets (!) autour de sa technologie hybride. Rien que le coût d'enregistrement est en millions... Mais ce serait PAICE qui possède les brevets les plus importants, et il est très ouvert à la négociation. On s'effraie pourtant que bientôt, le développement d'une voiture se fasse plus avec des avocats que des ingénieurs.
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Toyota ; industrie-production