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L'Europe réfléchit aux transports de demain

Mar 29/03/2011   —   Moins de diesel, mais plus de nucléaire et plus de technocratie.
Logo commission européenneLa commission européenne a publié hier un livre blanc pour nous conduire vers un système de transport compétitif et économe en ressources. C'est une suite d'objectifs, dont la majorité sont techniques, comme la mise en place réelle d'un ciel unique européen pleinement intégré, et le déploiement du futur système SESAR de gestion du trafic aérien, ou la création d'un véritable marché intérieur des services ferroviaires (fret et passagers). Ce sont des principes qui ont été édictés il y a longtemps, mais leur mise en œuvre est très longue. Les objectifs sont d'ailleurs lointains, puisque si l'Europe projette de réduire ses émissions de CO2 de 60 % de leur niveau de 1990 en 2050, le projet pour 2030 n'est qu'une réduction de 20 % par rapport aux émissions de 2008. La politique est toujours ainsi, des objectifs modérés pour le court terme, et très ambitieux pour le long terme, quand ce sera une autre génération qui sera aux commandes...

Mais que ce soit pour le court ou le long terme, ce livre blanc est clairement en panne d'idées. Plus de multimodalité, moins de voitures et plus de trains, ce ne sont pas des idées neuves. Et quand les trains sont électriques, avec une énergie souvent d'origine nucléaire (et très majoritairement en France), il n'est pas établi que le remède soit meilleur que le mal. Le livre blanc propose pourtant de réduire de moitié la circulation urbaine des voitures particulières dont le carburant est l'essence ou le gazole d'ici 2030, avant leur disparition progressive d'ici 2050. Pour y parvenir, il est suggéré la création d'un cadre législatif européen, pour définir des plans de mobilité urbaine dans les grandes villes, avec des péages, et des restrictions de circulation. En parallèle, on développera de nouvelles vastes infrastructures de transports collectifs, avec des titres de transport électroniques, et des puces RFID pour le fret.

Alors tout cela parait formidable pour des grosses entreprises comme Véolia, ou le groupe Bolloré, qui auront là de superbes opportunités de prospérer, mais pour le petit automobliste provincial, il n'y a rien de bien dans le livre blanc de la commission européenne. Au contraire, puisqu'il est question d'ajuster (augmenter) la fiscalité des carburants fossiles, et de faire payer plus les automobilistes pour leur usage du réseau routier européen.

Il n'y a de surcroît pas un mot sur quelque grand projet de création d'énergie renouvelable, comme par exemple Desertec, ni de remise en cause du libre-échangisme mondial par lequel les européens trouvent partout dans leurs magasins des poires de Chine, ou des pommes d'Argentine. Ce ne serait pourtant pas idiot pour réduire la pollution dûe aux transports, que d'arrêter de faire venir de la nourriture de l'autre bout de la planète.


Laurent J. Masson



Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; politique-transport_Europe