Qualité de l'air, le gouvernement refuse d'agir
Jeu 07/02/2013 — Ni pastille verte, ni une seule mesure efficace.
Le gouvernement a réuni hier un comité interministériel qui a présenté un plan d’urgence pour la qualité de l’air. C'est bien, l'intention est bonne, mais si le problème est bien posé, on attend toujours de vraies mesures. C'est gravissime parce qu'ils ont tout compris : changer un véhicule diesel « 1 étoile » (plus de 17 ans) par un nouveau véhicule récent « 5 étoiles » revient à diviser les émissions de particules par un facteur de 30 et les émissions d'oxydes d'azote au moins par un facteur de 3. Les facteurs sont plus importants selon nous. Ceci est un extrait du dossier du gouvernement (.pdf, 19 pages, la classification Euro 0 à Euro 5 y est remplacée par un nombre d'étoiles), qui prouve qu'il a compris que pour être efficace, il faut retirer de la circulation les vieilles voitures les plus polluantes. Mais alors que le gouvernement (et sa majorité) n'hésite pas à prendre des décisions rapides et autoritaires pour faire adopter le mariage pour tous, ou une très coûteuse intervention armée en Afrique, il agit avec mollesse pour l'environnement en France. Voilà ses propres mots : le Gouvernement travaillera sur les leviers ciblés pour renouveler le parc des véhicules les plus émissifs (en termes de particules, d'oxydes d'azote et de dioxyde de carbone) tout en prenant en compte le pouvoir d'achat des propriétaires de ces véhicules. On ne sait pas trop ce que veut dire travailler sur des leviers ciblés, mais à priori, les conducteurs de vieux diesels continueront à polluer tranquilles. Pour faire semblant de servir à quelque chose, le Comité Interministériel de la Qualité de l’Air (CIQA) propose néamoins les idées suivantes. Pour favoriser le covoiturage, les agglomérations sont invitées à développer des aires dédiées et d'en améliorer tant la visibilité que la convivialité. Pour favoriser une logistique propre des derniers kilomètres en ville, il faut promouvoir des facilités d'accès aux véhicules de marchandises propres, en s'appuyant le cas échéant sur une identification particulière et sur une charte d'engagements volontaires. Il convient aussi de développer le recours aux vélos-cargos, ou aux triporteurs. Côté mobilité électrique, le gouvernement entend contribuer à la création d'infrastructures de recharge (mais c'est prévu de longue date). Il est aussi proposé d'accélérer la mise en place des plans de déplacement d'entreprises, et d'inviter les collectivités à mettre en place de manière durable des pédibus et des vélobus (piétons et cyclistes se déplaçant en groupe). Si tout cela est bien, cela manque cruellement d'envergure, et donc d'efficacité.
La seule mesure réellement contraignante en fait, sera une réduction de la vitesse maximale sur les axes à très forte fréquentation. On pense au périphérique parisien, où la limite baisserait de 80 à 70 km/h, mais l'efficacité de cette mesure est au mieux marginale (notre forum). Quant à la fiscalité sur les carburants qui avantage aujourd'hui le gazole, le CIQA annonce qu'il souhaite bénéficier d'un diagnostic des impacts écologiques, économiques et sociaux de différents scénarii de réduction de cet écart. On comprend de suite que le changement n'est pas pour demain, et on attend toujours de ce gouvernement la première mesure à effet concret et rapide pour améliorer l'environnement ici, en France.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; politique-transport_France ; ecologie