Voitures électriques : l'Allemagne a battu la France
Ven 06/09/2013 — Le super bonus n'a servi à rien. Remise en cause ?
La France doit devenir un pays leader de la mobilité électrique, parce qu'elle est un leader de l'électricité sans CO2*. La France met en place un super bonus fortement incitatif pour acheter des voitures électriques. 5000, puis 7000 €. Depuis plusieurs années, avec ce gouvernement comme le précedent, les hommes politiques français mettent en avant leur volontarisme, et le succès de ce volontarisme, en faveur de la mobilité électrique. Alors qu'en Allemagne, il n'y a aucun bonus pour un allemand qui achète une électrique. Pas un euro. Rien, zéro. Mais le mois dernier pourtant, les allemands ont acheté plus de voitures électriques que les français (435 contre 403).L'Allemagne est passée devant, et elle y restera. Sur l'année pourtant, la France est encore devant. Il s'est vendu 3339 voitures électriques en Allemagne, les 8 premiers mois de l'année. C'est moins qu'en France, mais les allemands s'apprêtent à lancer la Volkswagen e-up! et la BMW i3, qui devraient doper le marché, et... Il n'y aura rien de comparable en France.
La France ne pourra donc pas échapper à une douloureuse remise en cause de sa politique. Si le bonus-malus avait pour objet de doper les ventes de petites voitures diesel, il a magnifiquement réussi. Mais si le but était de développer la mobilité électrique pour faire de la France un leader européen, le bonus-malus est un échec lamentable. Combien de journées de travail de fonctionnaires ont été consacrées à développer la mobilité électrique, et pour quel résultat ? Et à quoi sert la mission Hirtzman ? Pourquoi dépense t-on de l'argent avec le projet Gireve, au lieu d'adopter le projet européen Hubject ? A quoi sert l'Avere-France ?
Il est habituellement complexe d'évaluer une politique publique, mais il y a ici des chiffres qui ne laissent aucune place à l'interprétation, les immatriculations, et les lignes de budget. Sans opérer de règlement de compte, il faut se rendre compte que la France patine alors que l'Allemagne avance. Ajoutons que les immatriculations de voitures électriques en France ont souvent été en dents de scie. Parce qu'un mois, Autolib recevait plusieurs centaines de Bluecar, qu'un autre Renault dotait son réseau de Zoé de démonstration, ou que l'été dernier, Citroën avait bradé sa C-Zéro. Au contraire de la croissance des ventes en Allemagne, qui a toujours été saine et régulière. Non, vraiment, une remise en cause de la politique de soutien à la mobilité électrique est nécessaire.
Laurent J. Masson
*Mais pas sans déchets nucléaires qui ont une durée de vie de plusieurs milliers d'années.
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