Les raisons pour lesquelles Apple n'achètera pas Tesla
Ven 21/02/2014 — Trop de contradictions.
C'est une rumeur qui a bien peu de fondement. Un article du San Francisco Chronicle où il est dit que des cadres de Tesla et d'Apple se sont rencontrés au printemps 2013. Elon Musk, patron-fondateur de Tesla, interviewé jeudi, a confirmé les entretiens, mais sans rien réveler de leur teneur. Et ce n'est pas pour faire durer le suspense, car on peut l'écrire franchement : il serait très improbable qu'Apple achète jamais Tesla Motors. Il y a plusieurs raisons à cela, dont nous faisons ci-dessous une liste non exhaustive.— L'histoire d'Apple, peu de croissance par acquisitions. S'il y a des entreprises qui font régulièrement des acquisitions d'autres sociétés, ce n'est pas une pratique courante chez Apple, qui préfère développer ses propres solutions.
— Apple plus tourné vers le software que le hardware. On fait toujours un distingo entre le hardware et le software, en classant Apple parmi les fabricants de hardware, mais Apple produit en fait très peu. Tout est sous-traité. Sait-on qu'Apple ne fabrique pas de téléphones mobiles ? Ils portent sa marque, mais ce n'est pas lui qui les fabrique, alors que Tesla fabrique réellement des voitures. Apple est par contre auteur à 100 % des logiciels qui font fonctionner tous ses appareils.
— Pas de production aux Etats-Unis. L'époque où les ordinateurs Apple étaient fabriqués aux Etats-Unis est révolue de longue date. L'écrasante majorité des produits Apple vient de Chine. Tesla par contre fabrique des voitures en Californie.
— Tesla manque de moyens et d'expérience. Même si les produits sont chers pour ce qu'ils sont, les produits Apple sont des produits de grande consommation, tous fabriqués à des millions d'exemplaires chaque année. Alors que Tesla a construit moins de 25 000 voitures l'année dernière, et que même s'il était possible de décupler rapidement la production, on ne peut improviser l'organisation d'un grand site industriel. Ce sont des milliers de gens à recruter et à former. Apple ferait mieux de venir en Europe, où il y a des surcapacités énormes dans l'industrie auto.
— Tesla Motors est une mauvaise affaire. Portée par des milliers de spéculateurs, l'action Tesla est au plus haut. La capitalisation boursière de Tesla est ainsi supérieure à celle de PSA Peugeot-Citroën qui produit 100 fois plus de voitures ! Ce n'est vraiment pas le moment de faire une OPA !
Alors si Apple décide de se lancer dans l'industrie automobile, ce qui serait tout de même une diversification inattendue, la logique serait d'abord qu'il le fasse comme le reste de ses activités, soit en sous-traitant toutes les activités de production à des fabricants chinois. Pas besoin d'acheter un constructeur, surtout pas en Californie, et s'il faut en acquérir un, autant en choisir un avec une grande expérience de l'industrie auto, qui dispose de vastes usines sous utilisées avec une main d'oeuvre nombreuse et déjà formée. Ce n'est pas Tesla, qui ne peut non plus se vanter de posséder un vaste réseau de distribution. Quant au savoir faire technologique du jeune constructeur automobile, il n'a pas grand chose d'unique. La plus grande force de Tesla est dans ses logiciels de gestion de batterie, mais Apple doit déjà connaitre un peu le sujet. Les voitures Tesla sont les électriques avec la plus grande autonomie du marché, et les ordinateurs portables ont eux aussi cette même qualité dans leur domaine respectif.
La bourse aime fantasmer, c'est connu, et les boursicoteurs salivent à l'idée de toute méga-fusion, mais derrière l'excitation, on est bien en peine de voir quel intérêt pourrait avoir Apple à prendre le contrôle de Tesla Motors.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Tesla ; industrie-production ; voiture-electrique