Restrictions de circulation à Paris : tout est à faire et rien n'est fait
Jeu 29/01/2015 — Les rêves soudains de Mme Hidalgo.
En Allemagne, en Italie et partout en Europe, plus de 200 villes ont mis en place des restrictions de circulation contre les véhicules les plus polluants. La France était un peu en retard quand Mme Kosciusko-Morizet avait présenté son projet de ZAPA en 2010. mais devant une multitude de critiques, et notamment de Mme Hidalgo, l'actuelle maire de Paris, le projet ne vit hélas jamais le jour. Mais maintenant aux affaires, Mme Hidalgo réalise enfin la gravité de la situation, et semble décidé à agir, en présentant un projet copie conforme de l'ancien projet de NKM (lui-même déjà copié sur le programme allemand), et en faisant comme si c'était une idée à elle. Ben voyons... On se réjouit bien sûr de cette soudaine volonté d'être efficace, en regrettant simplement que Mme Hidalgo n'ait absolument aucun pouvoir de mettre en œuvre ce qu'elle propose. Il est possible de faire un parallèle avec le stationnement des camping-cars. Même si de nombreuses communes du littoral ont pris des arrêtés municipaux pour interdire le stationnement de ces véhicules, ils sont illégaux. Dès lors qu'il n'y a pas d'acte de camping (véhicule sur cale, déploiement d'un auvent...), de bruit nocturne ou d'écoulement d'eaux usés, c'est le code de la route qui s'applique, et il n'établit pas de distinction entre les différents véhicules à 4 roues de moins de 3,5 T. Un maire n'a pas le pouvoir d'établir un arrêté discriminatoire contre une certaine catégorie de véhicules, et c'est la même chose pour les véhicules les plus polluants. Il manque à la France le cadre juridique national par lequel on donne à un maire le droit d'établir des restrictions de circulation sur le territoire de sa commune en fonction de leurs émissions à l'échappement. Il est vrai qu'un cadre de ce type est en gestation avec Priorit'Air, dans le vaste programme de la transition énergétique, mais il y a encore beaucoup à faire. Sans compter qu'une fois les textes votés et publiés, il restera à informer tous les conducteurs des performances environnementales de leur véhicule, à mettre en place une signalétique visible sur les véhicules (vignette sur le parebrise ?), et à poser des panneaux à l'entrée des villes (toutes les entrées !), pour prévenir qu'y pénétrer n'est autorisé qu'avec un véhicule de telle catégorie...
Dans une interview au Monde, Mme Hidalgo souhaite voir les premières restrictions applicables aux automobilistes au 1er juillet 2016. C'est sans doute possible. D'autres restrictions pourraient même être mises en place plus tôt pour ce qui concerne les poids lourds et les autobus (qui sont dans un cadre juridique différent), au 1er julllet de cette année, mais... Cela aurait déjà pu être fait l'année dernière...
Sans plus polémiquer, concrètement, les voitures construites avant 1997 ne pourraient plus circuler à Paris au 1er juillet 2016, et progressivement, les interdictions de circulation seraient étendues jusqu'aux autos construites avant 2011 à l'horizon 2020. Mais tout ceci n'est encore qu'un projet, le conseil municipal doit en débattre, puis le voter. Tous les écologistes doivent évidemment soutenir l'initiative, mais sans rêver d'une entrée en vigueur rapide, d'autant plus qu'on déplorera la petitesse des moyens mis au service des voitures zéro émission. Mme Hidalgo nous dit qu'elle offre le stationnement aux voitures électriques, mais combien de places sont actuellement disponibles ? Elle dit aussi qu'elle offre la recharge nocturne, mais cela ne marche pas si on a une voiture avec une grosse batterie comme une Tesla...
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; politique-transport_France ; ecologie