Transition énergétique : mais, tout est à faire !
Mer 27/05/2015 — Des idées, mais ensuite ?
L'assemblée nationale a adopté hier en nouvelle lecture, le projet de loi sur la transition énergétique. C'est une très bonne nouvelle, et tous les écologistes peuvent commencer à se réjouir. Juste commencer, parce qu'il ne faut pas manquer de le souligner, ce texte n'est encore (hélas) qu'une déclaration d'intention. Il fixe certes l'objectif de réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75 % à 50 % en 2025, c'est d'ailleurs l'idée principale, mais le texte voté est totalement muet quant aux moyens pour parvenir à cet objectif. Ce qui est incompréhensible ! On a le sentiment que les députés n'ont pas le même bon sens d'un automobiliste, quand il veut changer sa vieille voiture : l'automobiliste en achète d'abord une neuve, avant de se soucier de se débarrasser de la vieille.Si nous regardons Wikipedia, nous voyons qu'il y a 19 centrales nucléaires en activité dans l'hexagone. Pour tenir l'objectif, nous comprenons qu'on va en fermer une sur 3. Lesquelles ? Les personnels aimeraient bien le savoir ! Et compte tenu du coût terriblement élevé du démantèlement de ces installations, où est l'argent qui va permettre cela ? Enfin, transition signifiant de remplacer la méchante énergie nucléaire par les gentilles énergies renouvelables, on attend le plus important, c'est à dire de voir le programme qui va organiser la construction de plusieurs milliers d'éoliennes, pour fournir les GWh que ne produiront plus les centrales atomiques. Ou va t-on plutôt construire des milliers de fours solaires comme celui d'Odeillo ? Ou va t-on construire une île artificielle de 10 km², toute recouverte de cellules photovoltaïques, et qui sera accrochée au large du cap d'Antibes ? Avec quel budget ?
Il ne s'agit pas d'être défaitiste, ou même simplement pessimiste, mais il y a aussi des textes qui établissent que la France ne doit pas avoir plus de 3 % de déficit budgétaire. Cela fait pourtant des années que la France franchit cette ligne rouge. Le texte voté hier aura t-il une plus grande portée que la barrière des 3 % ? Soyons optimistes, et attendons maintenant de voir ce que va proposer le gouvernement.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; ecologie