La Bolloré Bluesummer chez PSA, par PSA
Jeu 18/06/2015 — Bolloré se veut incontournable.
On aime ou on n'aime pas Vincent Bolloré et son groupe, mais il faut reconnaitre à l'homme un talent étonnant à se renouveler, et à surprendre. Ami d'hommes politiques de tous les bords, M.Bolloré avait surpris l'année dernière en annonçant un partenariat avec Renault. Cette association vient de se concrétiser par la mise en production de la Bluecar sur le site Renault de Dieppe. Nouvelle surprise, Bolloré a signé un autre accord, avec cette fois PSA Peugeot-Citroën, pour faire... Exactement la même chose qu'avec Renault, soit fabriquer une voiture électrique et développer l'auto-partage.Cette voiture sera la Bluesummer, ou la version découvrable de la Bluecar. Bien sûr, il aurait été possible de faire fabriquer cette auto par Renault, le site de Dieppe est très loin de la saturation (!), mais en s'associant avec PSA, Bolloré s'impose comme un leader incontournable de la mobilité électrique dans l'hexagone. C'est très habile de sa part, quel dommage alors que ce prodigieux talent ne soit pas utilisé pour concevoir de bonnes batteries !
Car là, rien n'a changé. La Bluesummer utilise comme la Bluecar des batteries lithium-metal-polymère (LMP), des batteries incapables de conserver leur énergie. On débranche l'auto, on attend 3 jours, et il n'y a plus rien. 0 % de charge, toute l'électricité s'est envolé. Quand on sait que les meilleures cellules lithium-ion tiennent 60 % de leur charge après 6 mois, on se dit que la technologie Bolloré est à enterrer... Même en usage permanent, comme dans le cadre de l'Autolib parisien, le rendement est mauvais puisqu'une partie substantielle de l'énergie stockée ne sert pas à la propulsion, mais au maintien de la batterie à son exacte température de fonctionnement.
PSA Peugeot-Citroën a pourtant été convaincu de l'intérêt du partenariat avec Bolloré, et il y a une seconde très grande surprise.
PSA va produire la Bluesummer sur son site breton de Rennes, mais il ne s'agirait pas de fabrication complète. Sans qu'on connaisse tous les détails, il s'agirait seulement d'assemblage, et la capacité est modeste : 15 voitures par jour. Les employés s'en réjouiront pourtant, puisque ce site de production est sous-utilisé depuis plusieurs années. Mais la plus grosse surprise est qu'à la différence de Renault, qui se limite à produire la Bluecar à Dieppe avant d'envoyer les autos à Bolloré, PSA va aussi distribuer les Bluesummer.
Contacté par téléphone, PSA ne peut encore donner les détails de ce projet tout neuf. La Bluesummer restera cependant badgée Bolloré, et il y aurait alors un réseau, Citroën ou Peugeot, qui se retrouverait à devoir vendre (donc aussi à assurer le SAV) une voiture qui ne serait pas de sa marque ? C'est du jamais vu. On imagine cependant qu'avec l'accord avec Mitsubishi sur les Citroën C-Zéro et Peugeot Ion qui va prendre fin, la Bluesummer permettrait à PSA de conserver un pied dans le tout électrique, en attendant son propre modèle, qui n'est pas attendu avant 2019.
La production de la Bluesummer doit débuter à Rennes courant septembre, pour une commercialisation sans doute le mois suivant. Les beaux jours seront passés, mais la voiture est vendue avec sa capote.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Bollore-Bluecar ; voiture-electrique ; industrie-production