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Le scandale Volkswagen prend une ampleur énorme

Mar 22/09/2015   —   Il faut un coupable.
Martin WinterkornL'affaire Volkswagen, qui semblait encore contrôlable samedi, lors de la rédaction de notre article sur des allégations de tromperie sur les émissions toxiques à l'échappement des TDI vendues aux Etats-Unis, a pris des dimensions inédites, avant d'exploser à la bourse de Francfort. Le cours de l'action Volkswagen y a chuté de 23 % lundi matin. 15 milliards d'euros de capitalisation boursière réduits à néant. Et le gouvernement allemand a jeté de l'huile sur le feu, en demandant à Volkswagen d'établir que les pratiques qu'il a employé aux Etats-Unis, n'ont pas été utilisées de même de ce côté-ci de l'Atlantique. Parce qu'elles sont illégales ! On va quand même là un peu vite, et on rappellera qu'à ce jour, Volkswagen n'est coupable de rien. Il y a certes une affaire Volkswagen, mais elle n'en est qu'aux prémices de l'instruction. On attendra donc que la justice suive son cours, même si les éléments contre le constructeur allemand semblent solides. C'est d'ailleurs Volkswagen lui-même, qui a révélé sa méthode peu recommandable aux officiels américains. Le constructeur ne nie pas, il ne conteste pas, il a au contraire avoué. Devant une cour de justice, c'est une position qui lui fera honneur. Mais il y a un problème d'image qui sera plus complexe à résoudre.

Parce que si Volkswagen veut faire amende honorable, le problème dont il est la source reste entier. Le constructeur, par la voix de Martin Winterkorn, CEO, s'est pour le moment contenter de dire qu'il coopérerait avec les autorités en toute transparence, et qu'il ferait tout pour rétablir la confiance. Il a d'ailleurs arrêté la vente des modèles litigieux aux Etats-Unis, mais c'est terriblement insuffisant. Le constructeur a reconnu avoir mis en place un logiciel qui minore l'efficacité du système anti-pollution, sans doute pour augmenter les performances, ou la sobriété, en usage courant. Le système anti-pollution en effet, qui est très malin, ne donnerait son efficacité maximale que lorsque son logiciel de contrôle reconnait le processus bien connu d'un test de mesure officielle. On attend alors une mise à jour logicielle pour que le système anti-pollution donne en permanence le meilleur de lui-même. On peut aussi supposer une hausse de la consommation d'Adblue (un liquide réactif utilisé à l'échappement par certains modèles), et... A quand des tests indépendants d'un panel de voiures incriminées et mises à jour ? Et pour aller plus loin, on veut que des têtes tombent. Plus que toute autre, celle de Martin Winterkorn. Le problème est apparu sur des VW vendues en 2008, alors que Winterkorn est Vorstandsvorsitzender (chef de la direction) de VW depuis le 1er janvier 2007. Nous pensons qu'il était au courant et qu'il a personnellement validé l'artifice dont était doté les autos. Et s'il ne le savait pas, c'est franchement encore pire.

L'ironie de cette histoire, est que Martin Winterkorn avait failli être renvoyé en avril dernier, par Ferdinand Piëch, l'historique et légendaire président du conseil de surveillance du groupe. Les choses avaient alors tourné en faveur de WInterkorn qui avait mis Piëch en minorité, avant de le contraindre à la démission. Martin Winterkorn avait dit la semaine dernière à Francfort que le groupe allait entrer dans une nouvelle ère, et c'est vraisemblable, mais ce sera sans lui. Et on espère aujourd'hui un retour de M.Piëch (à 78 ans !), sans doute le seul à avoir l'autorité morale pour restaurer la confiance envers le premier groupe industriel d'Allemagne.


Laurent J. Masson



Rubrique(s) et mot(s)-clé : Volkswagen ; normes-antipollution