Opel avec PSA : l'Ampera-e au centre des discussions
Jeu 16/02/2017 — Car ce n'est pas une Opel.
En 2009 déjà, General Motors avait envisagé de vendre sa filiale européenne Opel, mais il avait renoncé au dernier moment puisque cela signifait abandonner le marché européen, le second du monde. Ce n'est pas une décision qu'on peut prendre à la légère, même si Opel est déficitaire depuis 16 années de suite. Aujourd'hui, sous l'ère Trump, les choses sont plus claires. Le rôle d'une entreprise est de rapporter de l'argent à ses actionnaires, et les responsabilités sociétale ou environnementale des entreprises ne sont que des inventions communistes pour détruire l'Amérique. Alors quand GM USA doit tous les ans donner de l'argent à GM Europe, et avec le spectre du Brexit qui risque de plomber les usines anglaises, on comprend que les actionnaires qui privilégient la rentabilité immédiate veulent tout arrêter. Même si c'est idiot sur le long terme.Pour PSA Peugeot-Citroën, l'affaire a tout d'une aubaine pour faire d'importantes économies d'échelle. Reste que ce ne sera pas sans casse. Regrouper la Citroën C3, l'Opel Corsa et la Peugeot 208 autour d'une même base technique, et produire les 3 dans une seule usine, voilà un très bon plan. Idem pour la Citroën C4, l'Opel Astra et la Peugeot 308. Sauf que cela impliquerait de fermer au moins 2 sites de production, avec des milliers de licenciements. Ce qui ne sera pas simple à gérer, mais ce qui occupe tout particulièrement les lecteurs de Moteur Nature est le cas très particulier de l'Ampera-e, cette nouvelle formidable électrique.
Opel a déjà enregistré 3400 commandes d'Ampera-e dans la seule Norvège ! Et le potentiel est énorme partout ailleurs en Europe, mais l'Ampera-e, malgré son badge, n'est pas une Opel. C'est un pur développement de GM USA, et elle est fabriquée à Detroit. Alors certes, le lancement est sur des rails, et l'Ampera-e sera bien vendue comme prévu en Europe. Mais pour combien de temps, et quid des futurs modèles qui seront basés sur la Bolt ? On rappellera qu'alors qu'il y a déjà eu de multiples collaborations entre GM et PSA, la Volt, une autre pépite de GM, n'a jamais été partagé. GM se garde pour lui ses meilleurs produits, et... On le comprend. Pour autant, pour faire des économies d'échelle sur l'électrique, il ne faut pas exclure que GM vende à PSA des voitures importées des Etats-Unis, sur une longue durée. Encore que GM va garder un petit pied en Europe, pour vendre quelques Corvette et Camaro. Cette petite structure pourrait-elle servir un jour à vendre aussi des électriques ?
Avec en sus le syndicat allemand IG-Metall (très important chez Opel) avec qui la relation est mal engagée, puisqu'il a appris l'idée de la cession d'Opel par la presse, les négociations s'annoncent d'une très grande complexité. La présence de Mary Barra (PDG de GM) en Europe signale la volonté des américains de bouger, mais Carlos Tavares (PDG de PSA) joue là le plus gros coup de sa carrière. S'il parvient à lever toutes les embûches, pour avoir changé PSA de dimension, il aura pleinement mérité une énorme rémunération.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Peugeot ; industrie-production