Opel et Vauxhall rejoignent PSA : le bon et le mauvais côté
Mar 07/03/2017 — Après la surprise passée.
La réalité dépasse la fiction, et en voici un superbe exemple. Personne ne l'aurait imaginé en janvier, le groupe français PSA, qui possède les 3 marques, Citroën, DS et Peugeot en possède désormais 2 autres : Opel et Vauxhall. Ce dernier vend des Opel rebadgées au Royaume-Uni, et ensemble, ils ont vendu 1,16 millions de voitures en 2016. C'est un évènement exceptionnel, tel qu'on en avait jamais vu. Quelques 18 000 employés allemands ont désormais un patron français ! Ou presque, puisque l'actuel patron du groupe PSA, Carlos Tavares, est de nationalité portugaise, mais personne ne s'attarde sur ce détail, et dans toute la presse allemande, il est bien écrit que ce sont les français qui prennent le contrôle d'Opel, grande marque allemande. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle, on peut répondre les deux.Le mauvais
General Motors abandonne l'Europe ! Le monde compte 3 grands marchés pour l'industrie automobile. Les Etats-unis, la Chine et l'Europe. Mais sentons-nous mauvais ? Comme l'ancien premier constructeur du monde peut-il écarter un marché d'un demi-milliard de personnes ? C'est vrai qu'Opel ne gagne pas d'argent, mais ce n'est pas encore l'heure du pélérinage à Lourdes. Opel n'est pas une cause désespérée. Il est d'ailleurs très encourageant que le déficit 2016 ait été inférieur à celui de 2015.Reste qu'il est clair que pour réellement redresser la marque, il faudra résoudre le délicat problème des surcapacités. Cela veut dire fermer une unité de production, avec un grand nombre de licenciements à la clé. PSA ne pouvant se permettre de se faire mal voir en Allemagne, c'est probablement le site anglais d'Ellesmere qui est condamné, quand la génération de l'Astra qu'il produit actuellement sera en fin de vie. Encore que dans l'hypothèse d'un hard Brexit, avoir un site de production outre-Manche a de l'intérêt pour produire pour le seul marché anglais...
On verra, mais le risque est grand qu'alors que GM n'aura pas voulu confronter les syndicats anglais, c'est PSA qui devra le faire. L'américain aura d'autres soucis, parce que s'il pourra se féliciter se féliciter d'avoir coupé sa branche européenne déficitaire, il y aura forcément des actionnaires mécontents devant un chiffre d'affaires 2017, en baisse de quelques 15 % par rapport à 2016.
Ci-dessous : Mary Barra, PDG de DM, Carlos Tavares, PDG du groupe PSA, et Karl-Thomas Neumann, PDG d'Opel, qui vient donc de changer de patron.
Le bon
Le groupe PSA est désormais le second groupe automobile européen, derrière Volkswagen. Le constucteur va aussi pouvoir réaliser des économies d'échelle très substantielles, ce que ne pouvait pas faire GM, en mutualisant plateformes, achats, etc... Les voitures qui se vendent bien en Europe sont en effet différentes de celles qui se vendent bien aux Etats-Unis ou en Chine. Il faut des modèles dédiés à l'Europe. Et justement, PSA en a. La Citroën C3 et la Peugeot 208 sont déjà des autos bien distinctes, même si sous leurs carrosseries, elles sont semblables. Le prochain exercice sera de faire de même avec les Opel Corsa, puis Astra. A plus long terme, on peut imaginer une remise en cause de l'accord avec Toyota, avec l'Opel Karl qui remplacerait l'Aygo. Mais tout cela n'est encore que pure spéculation. La seule certitude pour l'heure, est que PSA va avoir de multiples opportunités de baisser ses coûts de production, et c'est bien. Côté R&D, PSA récupère un grand nombre d'ingénieurs expérimentés et talentueux, ce qui est bien aussi. Enfin, le groupe PSA grossit, et c'est peut-être le plus important.Parce qu'il n'y a aucune égalité dans l'industrie automobile, et il vaut mieux y être un gros qu'un petit. Même avec Opel, le groupe français n'atteint pas la moitié de la taille d'un Volkswagen ou d'un Toyota, mais en tenant presqu'un sixième du marché européen, il s'affirme comme le numéro deux en Europe, avec de fortes positions dans tous les pays. En étant incontournable en Europe, le groupe renforce ses bases pour attaquer les autres marchés, en Afrique ou en Asie. C'est vraiment bien joué, et nul doute que Carlos Tavares mérite une prime pour avoir ajouté Opel au groupe français.
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Opel ; industrie-production