Chargemap révèle sa dimension mafieuse
Jeu 15/06/2017 — Soyez dignes, ne payez pas.
On dit parfois que l'électromobilité est une révolution, et c'est vrai qu'elle est un changement qui bouscule nombre d'acteurs établis. On pense à Tesla qui a servi de catalyseur pour convaincre certains constructeurs d'investir dans l'électrique. Les pétroliers devront aussi s'adapter, mais quelques stations possèdent déjà des bornes de recharge. Et à mesure que la demande augmente, il n'y a aucun doute qu'ils y répondront. On voit d'ailleurs que Total est déjà fabricant de panneaux solaires. La transition vers l'électromobilité apporte aussi de nouvelles opportunités aux producteurs de terres rares ou de cobalt, tandis qu'une nouvelle industrie est apparue : celle des bornes de recharge.A côté de ces acteurs utiles, il y a des gens qui ne produisent rien, qui ne possèdent rien, et qui n'ont donc rien à vendre, mais qui veulent malgré tout leur part du gâteau. Des parasites dont la mafia reste le plus bel exemple. A Palerme, tous les commerçants et entrepreneurs sont « sollicités » pour payer le pizzo. Une taxe non officielle. Chargemap veut faire la même chose auprès des automobilistes. L'idée, pour ceux qui se feront berner, est que pour chaque recharge sur une borne du réseau, l'automobiliste paiera une commission à Chargemap. Cela fonctionne avec une application smartphone associée à une carte. On voit donc déjà que la technologie est mauvaise. Quand la moitié des français a une carte de crédit qui autorise le paiment sans contact, et que beaucoup ont déjà expérimenté le paiement avec un smartphone, devoir s'équiper d'une carte supplémentaire est archaïque.*
Sauf bien sûr pour Chargemap, puisque c'est une opportunité supplémentaire de prendre de l'argent. Leur carte n'est en effet pas gratuite. Elle coûte 14,90 €. Il faut donc payer d'abord pour pouvoir payer ensuite ! A chaque recharge. Sauf au début, cependant. Pour appâter le client, les premières recharges seront sans la commission de Chargemap. On méditera encore sur le succès du diesel. S'il fallait acheter une carte pour avoir le droit d'acheter du gazole, et payer une commission à un tiers lors de chaque plein, personne n'en achèterait. Chargemap est peut-être utile après tout. Il donne une bonne recette pour tuer le diesel.
En Sicile, l'association Addiopizzo donne conseil et assistance à tous ceux qui ne veulent pas subir le joug de la mafia, en leur demandant de rester dignes. Vous n'avez pas à payer. Il en va de même avec l'électricité pour une voiture. On achète les carburants pétroliers auprès des pétroliers, ou au supermarché, en payant le producteur et le distributeur, et il n'y a personne d'autre à payer. Accepter le contraire rend l'électrique moins bien que l'essence. Qui veut cela ?
Laurent J. Masson
*On peut signaler qu'au moins un service concurrent (mais plutôt deux), sera lancé en 2018, et qu'il sera sans carte, ni frais d'adhésion.
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